BIJOUX
L'homme s'est-il de tout temps paré de bijoux ? Les nombreux exemples découverts lors de fouilles archéologiques semblent le confirmer. Souvent retrouvés dans des nécropoles, les plus anciens bijoux attestent la valeur portée à la parure, à tel point importante qu'elle accompagne le défunt dans l'au-delà. L'histoire du bijou est étroitement associée aux modes mais aussi aux matériaux disponibles et à leur rareté, même si ce dernier critère ne fut pas toujours déterminant. Ainsi, dans l'Égypte antique, l'or abondant n'empêchait pas qu'il fût le matériau le plus prisé. Facile à travailler et possédant d'indéniables qualités esthétiques, l'or semble avoir été le métal préféré de nombreuses civilisations antiques. En Occident, le bijou connaît un important développement à partir du Moyen Âge. D'abord essentiellement religieux, il devient peu à peu également d'un usage profane et se répand à partir du xviiie siècle dans des couches beaucoup plus larges de la population. Des techniques nouvelles sont inventées, les matériaux se diversifient et les motifs s'ouvrent à de nouveaux répertoires : l'histoire moderne du bijou occidental est une suite d'inventions techniques et formelles d'une extraordinaire richesse et créativité.
Le sens premier du terme « bijou » tend à être quelque peu oublié : il désigne, à l'origine, essentiellement le travail de l'or et des métaux précieux, les autres éléments (pierres, émaux, perles, etc.) venant ensuite en simple complément. En cela, il se distingue donc de la « joaillerie » qui consiste à mettre des pierres précieuses et fines en valeur sur des montures en métal. Aujourd'hui, le terme « bijou » définit souvent, de manière courante, l'ensemble de la production de parures en métal et pierres précieux.
Antiquité grecque, étrusque et romaine
Les bijoux de l'Antiquité classique parvenus jusqu'à nous sont pour la plupart en or. D'autres métaux, l'argent, très fragile, ou l'électrum, alliage naturel d'or et d'argent, ou encore le bronze, ont aussi été utilisés par les orfèvres antiques, mais l'or, parce qu'il est extrêmement malléable et qu'il ne s'oxyde pas, est le métal précieux par excellence. On le trouvait soit en pépites dans certaines rivières, comme le Pactole en Asie Mineure, soit dans des filons rocheux en Thrace, en Macédoine ou dans le Caucase, par exemple.
Les pierres précieuses et semi-précieuses utilisées à l'époque hellénistique et dans le monde romain sont principalement l'émeraude, le grenat ou l'améthyste. Des pierres dures – calcédoine, cornaline, agate – sont employées depuis des périodes plus hautes. Il existe aussi de nombreux bijoux en pâte de verre, de faïence ou même en terre-cuite peinte ou dorée imitant fidèlement des objets en métal.
Un très grand nombre de bijoux ont été découverts au cours de fouilles, puisque les Anciens avaient coutume d'ensevelir les morts avec des éléments de parure en plus des objets d'usage courant. Certains de ces bijoux devaient, en raison même de leur fragilité, être destinés à un usage essentiellement funéraire. On a par ailleurs recueilli dans les trésors de temple des objets votifs, des couronnes par exemple, souvent associés à des ustensiles en métal précieux. En Grèce, c'est la civilisation mycénienne de l'Âge du bronze (1600-1200 av. J.-C.) qui constitue une première période très brillante dans le domaine de l'orfèvrerie. Mycènes est décrite par Homère comme une ville riche en or, et les fouilles des tombes princières ont mis au jour des objets d'une richesse exceptionnelle : armes incrustées et vaisselle d'une grande qualité d'exécution. À cette époque florissante succède une longue période[...]
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Écrit par
- Sophie BARATTE : archiviste-paléographe, conservatrice du Patrimoine, conservatrice au département des Objets d'art du musée du Louvre
- Catherine METZGER : conservateur en chef au musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
- Évelyne POSSÉMÉ : conservateur au musée des Arts décoratifs
- Elisabeth TABURET-DELAHAYE : conservateur en chef au département des Objets d'art du musée du Louvre
- Christiane ZIEGLER : agrégée d'histoire, docteure en égyptologie Université de Paris-IV Sorbonne, conservarice générale, directrice de la mission archéologique du Louvre à Saqqara (Égypte), directrice honoraire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, conseillère scientifique du Louvre Abou Dabi
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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