BIJOUX
Renaissance
L'Europe occidentale, sauf l'Italie, connut l'art de la Renaissance, au xvie siècle, dans sa forme maniériste, caractérisée par un grand raffinement dans les techniques et dans les formes, ce qui explique l'importance des bijoux à cette époque. Portés autant par les hommes que par les femmes, les bijoux étaient aussi collectionnés en tant qu'objets d'art, objets de valeur ou objets de curiosité. Notre connaissance des bijoux de la Renaissance est fondée sur des témoignages écrits indiquant leur nombre ou leur utilisation, sur des documents figurés – dessins, recueils imprimés ou portraits peints – et enfin sur les bijoux conservés.
Les témoignages écrits sont des inventaires, des lettres, des marchés ou des rapports diplomatiques ; ainsi un ambassadeur de la Sérénissime République de Venise à la cour de Henri VIII d'Angleterre rapporte que les doigts du roi n'étaient qu'une masse de bagues serties de pierreries. On a conservé une commande passée par Catherine de Médicis en 1571 à l'orfèvre François Dujardin, et l'on a pu rapprocher de ce texte un pendentif, composé d'une grosse émeraude, sur la monture émaillée duquel on retrouve le thème de la foi mentionné dans la commande (Cabinet des médailles, Bibliothèque nationale de France). Parmi les inventaires, il est possible de citer celui des bijoux de Henri VIII (1519), qui indique les thèmes iconographiques des bijoux, et en France l'inventaire des bijoux de 1561 qui mentionne les perles de Catherine de Médicis et les bijoux de Marie Stuart, ou celui du Cabinet du roi de 1589, au moment de la succession de Henri III et de l'avènement de Henri IV.
Le vocabulaire utilisé alors pose des problèmes : le terme de bague s'applique au bijou en général ; l'enseigne est un ornement cousu sur un couvre-chef d'origine italienne (on en voit un exemple sur le portrait de François Ier, vers 1527, attribué à Jean Clouet, musée du Louvre) ; le carcan ou carcanet est un collier rigide porté à la base du cou ; le pent-à-col, un pendentif : ainsi Étienne Delaune a laissé des dessins de pent-à-col, proches de celui que porte la duchesse de Norfolk sur un portrait peint par Eworth en 1555, et le département des Objets d'art du musée du Louvre conserve un pendentif de forme analogue ; le pate-nôtre désigne les bijoux divers, dont des reliures ou des pommes de musc pour les onguents, pendus à la ceinture par une chaîne ; l'annel ou anneau désigne la bague au sens moderne, ornée de pierres mais portant parfois une montre, une boussole ; la cotière ou cotoire orne la bordure du décolleté ; les ferrets ou aiguillettes sont des bijoux servant à maintenir ensemble plusieurs tissus en l'absence de boutons.
Les documents figurés sont des inventaires illustrés comme le Codex monacensis (1552-1555), illustrations dues à Hans Mielich, ou des recueils graphiques de modèles à l'usage des professionnels, tel le Livre des dessins de bijouterie (entre 1593 et 1602), de Jacob Mores, orfèvre de Hambourg, où sont représentés des pendentifs avec des combinaisons d'initiales. Il existe également des dessins isolés, comme ceux d'Albrecht Dürer pour trois sifflets-pendentifs. On conserve des recueils imprimés, avec des gravures de bijoux, comme le Livre de bijouterie, publié à Paris entre 1563 et 1580 par René Boyvin. Par ailleurs, les portraits peints révèlent le goût des hommes pour les bijoux (les insignes des ordres chevaleresques, entre autres, y sont souvent représentés), ainsi que l'évolution de la mode : sur les couvre-chefs, on voit d'abord des enseignes, puis une aigrette à plumes, enfin une aigrette de pierreries, et la façon de porter ces aigrettes, les ferrets, les perles, les côtières ou les pate-nôtres. Les portraits rappellent également le caractère européen des bijoux, qui s'explique[...]
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Écrit par
- Sophie BARATTE : archiviste-paléographe, conservatrice du Patrimoine, conservatrice au département des Objets d'art du musée du Louvre
- Catherine METZGER : conservateur en chef au musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
- Évelyne POSSÉMÉ : conservateur au musée des Arts décoratifs
- Elisabeth TABURET-DELAHAYE : conservateur en chef au département des Objets d'art du musée du Louvre
- Christiane ZIEGLER : agrégée d'histoire, docteure en égyptologie Université de Paris-IV Sorbonne, conservarice générale, directrice de la mission archéologique du Louvre à Saqqara (Égypte), directrice honoraire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, conseillère scientifique du Louvre Abou Dabi
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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