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CLINTON BILL (1946- )

Un centriste apte à rebondir

Au début de son premier mandat, sa politique étrangère souffre de sa conviction qu'un trop grand activisme à l'étranger ne peut que nuire à sa popularité. L'enlargement, que son Administration prétend substituer à un containment (endiguement) désormais dépassé, fait de la promotion de la démocratie et de l'économie de marché le meilleur garant de la paix et de la prospérité. Mais les États-Unis ne paraissent guère disposés à assumer le coût que sa rhétorique entraînerait. Clinton a lui-même décidé d'éviter des interventions risquées dans des conflits localisés, en Bosnie en particulier.

Vers la paix israélo-palestinienne? - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Vers la paix israélo-palestinienne?

Le président n'hésite jamais, en revanche, à s'impliquer dans la recherche de nouveaux marchés : il obtient du Congrès la ratification de l'A.L.E.N.A. (Accord de libre-échange nord-américain) à l'automne de 1993 et celle de l'Uruguay Round un an après. Par ailleurs, dès novembre 1993, il lance l'idée d'une communauté Asie-Pacifique dont il se sert pour faire pression sur ses alliés atlantiques. Il peut assez vite se targuer d'un succès relatif concernant son autre grande priorité : la prévention de la prolifération nucléaire qui, l'U.R.S.S. disparue, constitue la principale menace. Pourtant, en dépit de l'appui qu'il a ostensiblement apporté dès 1993 au rapprochement entre Israël et l’O.L.P. (il préside le 13 septembre 1993 à la signature de la Déclaration de principes sur l’autonomie dans les territoires occupés), son bilan reste au mieux mitigé quand, à l'été de 1995, il décide de s'impliquer plus directement dans la conduite de la diplomatie : signature d'un deuxième document entre Israël et l'O.L.P. (accord de Taba signé à Washington en septembre 1995), accords de Dayton sur la Bosnie (novembre 1995), et surtout appui au président russe Boris Eltsine, confronté à la montée des nationalismes et au retour du communisme.

D'emblée, Clinton a estimé que sa réélection en 1996 dépendrait de la politique économique qu’il mènerait. D’une certaine façon, dès 1994, son pari paraît gagné. Pourtant, en dépit de mesures qui vont dans un sens opposé (réduction du déficit du budget), il ne peut empêcher les républicains de lui coller une image de « gauchiste » et se révèle incapable de mener à bien la réforme du système de santé, qu’il avait confiée à sa femme. En novembre 1994, pour la première fois depuis 1952, le pays envoie une majorité républicaine dans les deux Chambres du Congrès.

Pourtant, deux ans après, le président est réélu sans difficulté, obtenant 49,2 p. 100 des suffrages, contre 40,8 pour le républicain Bob Dole et 8,5 pour Ross Perot. Il a su se poser en rempart contre certains des projets les plus extrêmes de la droite républicaine. Il sort vainqueur de l'épreuve de force que constitue la « fermeture partielle », à deux reprises (en novembre 1995 puis en décembre 1995-janvier 1996), de l’État (mise au chômage technique de certains services administratifs, les républicains n’ayant pu arriver à un accord avec le président sur le budget). Le retour d'une majorité républicaine dans les deux Chambres du Congrès montre les limites de son succès. En se ralliant au printemps de 1995 à l'idée d'un budget équilibré, en proclamant en janvier 1996 que « l'ère du tout-État appartient au passé », et en signant l'été suivant une loi restrictive sur le welfare, Clinton a fait plus de la moitié du chemin vers les républicains.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Investiture de Bill Clinton - crédits : Cynthia Johnson/ The LIFE Images Collection/ Getty Images

Investiture de Bill Clinton

Vers la paix israélo-palestinienne? - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

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