HIGGINS BILLY (1936-2001)
Avec son exceptionnel sens des couleurs, son intelligence rythmique rare et un enthousiasme que rien ne semblait atteindre, l'Américain Billy Higgins s'est imposé comme l'un des batteurs majeurs des années 1960 à 1980. Son nom demeure associé à quelques-uns des plus grands jazzmen – Thelonious Monk, John Coltrane, Dexter Gordon, Sonny Rollins... – et à l'aventure du free jazz.
Billy Higgins voit le jour le 11 octobre 1936 à Los Angeles, dans une famille musicienne. Il grandit à Watts, le quartier noir de sa ville natale. C'est en écoutant un ami batteur qu'il découvre sa vocation. Dès l'âge de douze ans, il joue dans des ensembles de rhythm and blues et de rock, ceux d'Amos Milburn, de Bo Diddley et de Jimmy Witherspoon, notamment. Il effectue aussi des tournées avec The Jazz Messiahs que dirigent Don Cherry et James Clay. À l'occasion, il travaille avec Walter Benton, Dexter Gordon, Carl Perkins, Leroy Vinnegar, Slim Gaillard, Teddy Edwards et Joe Castro. À la fin des années 1950, il apparaît dans les premiers enregistrements qu'Ornette Coleman réalise à Los Angeles, et accompagne ce dernier lors de ses débuts à New York.
En 1957, Higgins entre dans le quartette de Red Mitchell, sans cesser de fréquenter Ornette Coleman. Avec ce dernier aux saxophones alto et soprano, Walter Norris au piano, Don Payne à la contrebasse et Don Cherry à la trompette, il enregistre, à la fin de février et au début de mars 1958, l'album Something Else ! ! ! !, qui annonce les orages du free jazz. On le retrouve alors dans de nombreux clubs, parmi lesquels le célèbre Five Spot Café new-yorkais, et il continue d’enregistrer avec Ornette Coleman (The Shape of Jazz to Come, 1959 ; Change of the Century, 1959). Il est du nombre des pionniers qui signent, le 21 décembre 1960, le très contestataire album Free Jazz. A Collective Improvisation by the Ornette Coleman Double Quartet, véritable étendard de la révolte de toute une génération de musiciens : Coleman est au saxophone alto, Don Cherry à la trompette et au cornet, Freddie Hubbard à la trompette, Eric Dolphy à la flûte, à la clarinette basse et au saxophone soprano, Scott LaFaro et Charlie Haden aux contrebasses ; la batterie est tenue par Higgins et Ed Blackwell.
À la suite d'une violente altercation avec la police, les clubs de New York sont interdits à Billy Higgins ; celui-ci rejoint alors le quintette de Thelonious Monk, séjourne dans les groupes que rassemble John Coltrane et joue avec Sonny Rollins (1962-1963), avec qui il se produit en France. À cette époque, on peut aussi l'entendre en compagnie de Donald Byrd, Dexter Gordon, Hank Mobley, Art Farmer, Jimmy Heath, Jackie McLean, Herbie Hancock, Lee Morgan...
À partir de 1966, Billy Higgins côtoie fréquemment le pianiste Cedar Walton, avec qui il enregistrera beaucoup pour des firmes européennes jusqu'au milieu des années 1980. En 1971, après une cure de désintoxication, il forme, avec le saxophoniste ténor Claude Bartee et le trompettiste et bugliste Bill Hardman, un nouveau groupe qui prendra rapidement le nom de Brass Company. À la fin des années 1970, il fonde, en association avec le saxophoniste George Coleman et Cedar Walton, un ensemble instrumental nommé Eastern Rebellion. Celui qui est devenu l'un des percussionnistes les plus recherchés du moment est appelé par les plus grands du jazz d'avant-garde, hard bop, post bop et free : Sam Jones, Dave Williams, Bob Berg, Monty Waters, Clifford Jordan, David Murray, Ira Sullivan, Art Pepper, Pat Metheny, Sun Ra... Billy Higgins meurt à Inglewood (Californie) le 3 mai 2001.
Billy Higgins se situe dans les perspectives ouvertes par Tony Williams. Il renoue, certes, avec la tradition de la permanence rythmique, mais ce n'est, sur la cymbale « top hat », qu'une sorte de fond sonore lointain, sur lequel se détachent ses plus libres improvisations.[...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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