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CROSBY BING (1904-1977)

Né à Tacoma, dans l'État de Washington, Harry Lillis Crosby est le quatrième enfant d'une famille où l'on goûte fort la musique ; bon chanteur mais cancre notoire, il consacre ses jeunes années au football américain et au base-ball. La légende veut qu'il ait emprunté son nom d'artiste au titre d'une bande dessinée qu'il adorait, The Bingville Bugle. Son ardeur limitée pour le travail ne l'empêche pas d'être, pour un temps, étudiant en droit à l'université de Gonzaga : il s'y fait surtout remarquer par ses qualités vocales. Il décide alors de devenir professionnel et commence son apprentissage dans les orchestres de jazz. Bing Crosby éprouve une grande admiration pour des chanteurs comme Al Jolson, Mildred Bailey et surtout Louis Armstrong. Paul Whiteman, qui dirigeait le plus grand orchestre de jazz « blanc » de l'époque, l'engagea : il devint ainsi le compagnon d'Eddie Condon et de Bix Beiderbecke.

Pourtant, la célébrité ne vient que lorsqu'il change de style : abandonnant le projet d'être un grand chanteur de jazz, il met à profit, en 1931, une affection soudaine de ses cordes vocales qui fait de lui le baryton melliflue à la voix de velours : le Crosby sound est né, qui va influencer tous les crooners américains. Bing Crosby a la chance d'arriver à un moment particulièrement favorable : l'usage généralisé du microphone et de l'amplification appelle l'apparition du style crooner, et l'industrie des variétés, à cause de ces innovations techniques, connaît alors une rapide expansion.

Bing Grosby et Bob Hope - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Bing Grosby et Bob Hope

Les professionnels du cinéma songent très vite à tirer parti de la popularité de Bing Crosby. Il obtient son premier grand rôle en 1933, celui d'un professeur distrait, dans College of Humor. Il tourne plusieurs comédies, dont les plus fameuses sont les sept Roads ; associé à Bob Hope, Bing Crosby y démontre son habileté : ces films comiques à grosses ficelles, dont le premier fut The Road to Singapore (1940), sont loin d'être des chefs-d'œuvre ; ils valent surtout par la capacité des deux compères à faire passer les gags les plus éculés et les plaisanteries les plus convenues. Dans ses comédies, Bing Crosby joue presque toujours le même personnage, celui du gaillard nonchalant qui prend la vie du bon côté : Pennies from Heaven et Sing you Sinners (1938) sont les exemples les plus caractéristiques de ce genre de film.

Bing Crosby interpréta, dans les années 1940 et 1950, plusieurs rôles dramatiques ; il fut par deux fois un prêtre très convaincant (dans Bells of Saint Mary's (1945) et dans Going my Way, pour lequel il obtint un oscar en 1944). Sa meilleure composition est peut-être celle de l'alcoolique en détresse qu'il interprète au côté de Grace Kelly dans The Country Girl.

Bing Crosby ne se considéra jamais comme un véritable acteur ; il aimait dire qu'il n'était qu'un « individu moyen » (average guy) sans talent particulier. Cette modestie n'était pas feinte. En fait, il était un remarquable professionnel du spectacle, l'un des premiers à introduire, sous une forme très édulcorée, l'héritage du jazz dans l'univers des variétés. Il aimait reconnaître sa dette à l'égard des grands chanteurs noirs. Mais Bing Crosby a surtout représenté le symbole de ce que l'Américain moyen rêvait d'être : décontracté, libéré des soucis matériels, un brave garçon en dépit de quelques excès. Ses premiers succès ont d'ailleurs coïncidé avec la grande dépression : il était la preuve vivante de la réussite de la civilisation américaine à un moment où le désastre économique la rendait fort incertaine. Une des chansons les plus célèbres de Crosby eut pour titre Accentuate the Positive : c'était là l'essentiel de son programme.

— Jean-Louis[...]

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Écrit par

  • : agrégé de philosophie, maître assistant de sociologie à l'École normale supérieure

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Média

Bing Grosby et Bob Hope - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Bing Grosby et Bob Hope

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