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BINH-XUYÊN

À la différence des autres sectes du Vietnam du Sud, les Binh-Xuyên ne se réclament d'aucun fondateur. La puissance qu'on leur a reconnue tenait pour l'essentiel à l'esprit de corps qui animait leurs groupes armés, à la personnalité de leurs chefs, et surtout au fait que ceux-ci étaient situés aux portes de Saigon. Ils formèrent ainsi des groupes remarquablement entraînés, constitués de combattants animés d'un nationalisme farouche, à l'origine antifrançais et, en même temps, anticommunistes. Le mot « Binh-Xuyên » désigne une région de la province de Cholon au Vietnam du Sud. Dans cette région se formèrent des mouvements paramilitaires autonomes et organisés sur les bases d'une hiérarchie rigoureuse. Parmi les chefs binh-xuyên les plus connus, on peut citer, de 1946 à 1950, Duong Van Duong, Lê Van Vien, Duong Van Ha. Leurs forces comprenaient approximativement trois mille hommes aguerris, troupe d'appoint considérable pour n'importe quel mouvement politique du Vietnam du Sud. Les années qui virent la naissance de ces groupes furent celles de l'occupation japonaise. Politiquement, les positions des Binh-Xuyên évoluèrent en quelques années : en effet, quoique anticommunistes, les Binh-Xuyên ont d'abord collaboré avec le Viêt-minh dans la lutte de libération contre les Japonais et, dans cette première phase de leur activité, ont tenté de conserver une certaine indépendance vis-à-vis du commandement communiste du Nam-Bo (Vietnam du Sud). Bientôt cependant, un conflit éclate entre Nguyen-Binh, cadre politique viêt-minh du Sud et Lê Van Vien, général binh-xuyên ; le Viêt-minh cherche à créer un front unifié antifasciste et anticolonialiste et, de ce fait, accepte difficilement les tendances séparatistes des groupes armés binh-xuyên ; aussi les dirigeants viêt-minh tentent-ils une infiltration de ces groupes par des commissaires politiques spécialement formés. Dès lors et malgré l'intervention directe d'Hô Chi Minh qui, pour calmer les esprits et conserver l'unité antijaponaise, nomme le colonel binh-xuyên Bay-Vien (Lê Van Vien) commandant de la zone 7, les rapports du Viêt-minh et des Binh-Xuyên vont empirer. Très vite s'opère une rupture définitive entre les deux camps : les Binh-Xuyên se rallient même au gouvernement de Bao-Dai et reconnaissent l'Union française ; ils adoptent une position entièrement opposée à leur politique précédente antifrançaise et antijaponaise ; en échange de son ralliement, Lê Van Vien demande aux forces armées françaises une « opération de nettoyage » de sa zone où ses propres groupes de fidèles avaient déjà subi l'influence politique du Viêt-minh. Par la suite, les Binh-Xuyên se reconvertissent dans le commerce et établissent des relations commerciales avec les autres sectes (Hoa-Hao et Cao-Dai) ; leur influence politique ne tarde pas à décroître de plus en plus devant celle du Viêt-minh. Elle prend fin lorsque les groupes armés binh-xuyên sont défaits par Diem le 29 mars 1955 à la bataille de Saigon.

— Yvan BARBÉ

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