BIOCARBURANTS ou AGROCARBURANTS
Après une période d’engouement, les biocarburants sont aujourd’hui l’objet de débats. La consommation d’énergie que nécessite leur production fait qu’ils ne présentent, dans certains cas (tel celui de l’éthanol produit à partir du maïs), qu’un intérêt modeste sur le plan énergétique. Sur un plan économique, la concurrence qu’ils exercent à l’égard des productions alimentaires par les superficies agricoles qu’ils mobilisent est de plus en plus soulignée, en particulier depuis l’envolée des cours des principales denrées agricoles survenue en 2007-2008.
En fait, les différents biocarburants demandent à être analysés au cas par cas et pays par pays. Ainsi, en France, le développement de la production de biocarburants a répondu à des enjeux à la fois environnementaux (réduction des émissions de gaz à effet de serre générées par les transports), économiques (réduire la dépendance du pays dans le domaine de l’énergie mais aussi dans celui de l’approvisionnement en protéines des activités d’élevage en récupérant les sous-produits de la production de biocarburants), sociaux (création d’emplois agricoles et industriels) et territoriaux (réindustrialisation de territoires ruraux).
Les carburants correspondent à des composés chimiques, liquides ou gazeux, dont la combustion en présence d’air permet l’obtention d’énergie mécanique dans les moteurs thermiques. Ces produits qui alimentent divers types de moteurs peuvent provenir d’hydrocarbures, du charbon ou de la biomasse (essentiellement des matières végétales). Selon la directive 2003/30/CE de l’Union européenne, « un biocarburant est un combustible liquide ou gazeux utilisé pour le transport et produit à partir de la biomasse ». La liste de ces composés est assez longue, car elle rassemble des produits organiques oxygénés relevant des alcools, éthers et esters utilisables comme carburants. En France, on utilise également l’appellation agrocarburants à la place de celle de biocarburants dans la mesure où ceux-ci sont principalement obtenus à partir de plantes cultivées et afin d’éviter d’éventuelles confusions avec les produits issus de l’agriculture biologique. En anglais, il n’existe qu’un seul terme, biofuels, qui signifie que ces produits sont obtenus à partir de la biomasse, et il n’y a aucun risque de confusion avec ceux de l’agriculture biologique qui se dit organicfarming.
Les principales filières de biocarburants
Une histoire déjà longue, mais des développements récents
La production d’énergie grâce à des produits agricoles transformés n’est pas nouvelle : dans bien des régions du monde, en particulier en Europe et aux États-Unis, une part importante des labours était jadis consacrée à la production de grains (orge, avoine…) destinés aux animaux de trait. Quant aux biocarburants eux-mêmes, ils sont connus depuis les débuts de l’industrie automobile : les premiers moteurs furent alimentés par des carburants d’origine végétale. Ainsi, le moteur à explosion construit par l’ingénieur allemand Nikolaus Otto (1832-1891) fonctionnait avec de l’éthanol, tout comme la Ford T produite aux États-Unis de 1908 à 1927. Un autre ingénieur allemand, Rudolf Diesel (1858-1913), qui a mis au point le moteur thermique portant son nom, a présenté cette invention en 1900 lors de l’Exposition universelle de Paris en la faisant fonctionner avec de l’huile d’arachide. Toutefois, l’essor rapide de la production de carburants obtenus par raffinage de pétrole brut a ramené assez vite les biocarburants à un niveau confidentiel.
Par la suite, les fluctuations de la production pétrolière mondiale et des cours des carburants fossiles ont relancé l’intérêt pour les biocarburants à différentes périodes de l’histoire : pendant la Seconde Guerre mondiale, avec le recours aux gazogènes (appareils permettant de convertir un combustible[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
- Anthony SIMON : agrégé de l'Université, maître de conférences en géographie, université de Lyon-II, docteur en géographie
Classification
Médias
Autres références
-
AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation
- Écrit par François PAPY
- 7 421 mots
- 3 médias
...légumes frais de contre-saison, de plats préparés, contribuent à grever fortement la facture énergétique de l'ensemble du système agricole et alimentaire. Avec le renchérissement du pétrole, la question de la production de carburants d'origine végétale (biocarburants) est posée. L'Union européenne prévoit... -
AUTOMOBILE - Défis
- Écrit par Daniel BALLERINI , François de CHARENTENAY , André DOUAUD , Francis GODARD , Gérard MAEDER et Jean-Jacques PAYAN
- 11 590 mots
- 8 médias
Lesbiocarburants, quant à eux, offrent des perspectives intéressantes. Ils sont fabriqués à partir de matières végétales qui, pour leur croissance et grâce au processus de la photosynthèse, utilisent le carbone du CO2 déjà présent dans l'atmosphère. Outre le fait qu'elle recycle le CO... -
BRÉSIL - Géographie
- Écrit par Martine DROULERS
- 10 011 mots
- 10 médias
...alcool et les oranges alimentant une puissante industrie de jus concentré. La première a d'abord été favorisée par les mesures de soutien à la production d'alcool-carburant dès la fin des années 1970, puis par le boom de l'éthanol lié au succès des moteurs automobiles « flex-fuel », pouvant utiliser alternativement... -
BRÉSIL - Économie
- Écrit par Jacques BRASSEUL
- 6 375 mots
- 6 médias
...d'avions de moyenne portée, elle deviendra la troisième dans le monde après Airbus et Boeing pour la fabrication de jets civils. On peut citer également le plan Proálcool de 1970, une autre réussite à long terme, qui a permis de remplacer le pétrole par des biocarburants. Aujourd'hui 50 p. 100 du carburant... - Afficher les 16 références