BIOCARBURANTS ou AGROCARBURANTS
Bilans des biocarburants de première génération
Les programmes de promotion des biocarburants participent à la limitation des émissions de dioxyde de carbone (CO2), gaz considéré comme responsable d’un effet de serre additionnel dans le contexte du réchauffement climatique. Se posent toutefois à leur sujet bien des questions, qu’il s’agisse de leurs propres limites, de la concurrence qu’ils exercent sur les productions alimentaires du fait des superficies cultivées qu’ils mobilisent, ou encore des différentes atteintes que leur production peut porter à l’environnement dont le recul des forêts tropicales.
La limitation des émissions de dioxyde de carbone
Un des arguments majeurs avancés par les promoteurs des biocarburants est leur contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Lorsqu’on compare les émissions de dioxyde de carbone des principaux types de carburants, les chiffres avancés montrent que la combustion d’un litre de bioéthanol ou debiodiesel produit quatre fois moins de CO2 qu’un litre de carburant fossile. Ainsi, à parcours égal, un véhicule roulant au bioéthanol, bien qu’il consomme environ 25 p. 100 de carburant en plus, émet 2,5 fois moins de CO2 qu’un véhicule à essence classique. De même, l’utilisation de biodiesel réduirait de façon très sensible l’émission de CO2 par rapport au gazole classique en tenant compte du cycle de vie complet des carburants : production, transport, transformation et distribution. On a ainsi pu calculer qu’en France, en 2010, la consommation de biodiesel aurait évité de rejeter dans l’atmosphère 5 millions de tonnes de CO2, même si ce chiffre est parfois contesté.
En outre, la croissance des plantes utilisées pour la fabrication des biocarburants est elle-même source d’absorption du dioxyde de carbone, ce qui enclenche un cercle vertueux allant dans le sens d’un développement dit « durable ».
Les améliorations des balances commerciales
Les biocarburants permettent, dans une certaine mesure, de réduire la dépendance des pays industrialisés et de bien des pays en développement envers les énergies fossiles et donc de limiter leurs importations d’hydrocarbures et les factures énergétiques qui en résultent. Parallèlement, pour bien des pays tels que ceux de l’Union européenne, et en particulier pour la France, la production de biocarburants permet de réduire de façon sensible les importations de tourteaux de soja indispensables aux activités modernes d’élevage. En 2010, les industries françaises de biocarburants ont pu obtenir, à partir d’une production de 7,5 millions de tonnes de graines oléagineuses (pour les trois quarts du colza), 1,7 million de tonnes de gazole et 3,4 millions de tonnes de tourteaux d’oléagineux riches en protéines. Le taux d’autosuffisance en protéines destinées à l’alimentation animale, qui n’était en France que de 25 p. 100 dans les années 1980, est aujourd’hui devenu supérieur à 55 p. 100. La localisation des usines françaises produisant des biocarburants obéit à une double logique : certaines sont implantées dans les régions de grande culture du Bassin parisien, d’autres sont localisées à proximité des principaux ports d’importation de pétrole, afin de faciliter l’incorporation du biodiesel dans le gazole distribué ensuite aux automobilistes. Implantée dans l’estuaire de la Seine, à proximité de Rouen, l’usine de Grand-Couronne (la plus grande usine de production française de biocarburants) cumule les avantages de ces deux logiques d’implantation, tout en étant en outre proche du grand foyer de consommation parisien.
Enfin et à titre plus individuel pour les exploitants, la Commission européenne autorise, depuis 2002, les agriculteurs à cultiver des plantes destinées à produire de l’énergie à usage privé, soit sous forme de carburants, soit pour se chauffer (chaudières à céréales[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
- Anthony SIMON : agrégé de l'Université, maître de conférences en géographie, université de Lyon-II, docteur en géographie
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