BIODÉPOLLUTION
La biodépollution de l'air
Selon la définition du Conseil de l'Europe de 1967, la pollution atmosphérique est définie par « la présence d'une substance étrangère dans l'air ou de la variation importante dans la proportion de ses composants, susceptible de provoquer un effet nocif, compte tenu des connaissances scientifiques du moment, ou de créer une nuisance ou une gêne ».
Dans les années 1970 et 1980, la plupart des grandes villes des pays industrialisés ont été l'objet d'événements aigus de pollution qui ont conduit les pouvoirs publics à mettre en place des systèmes de mesure et d'alerte.
Les grands indicateurs actuels de la pollution de l'air sont les dioxydes de soufre, le monoxyde de carbone, les oxydes d'azote, l'ozone et les particules en suspension. Les composés organiques volatils (C.O.V.), ou particulaires, sont des molécules carbonées, généralement des hydrocarbures aliphatiques et aromatiques. Ils sont issus de l'utilisation ou de la transformation de matières premières d'origine biologique. Les principales sources de ces C.O.V. sont le transport automobile, la pétrochimie et les industries utilisant des solvants. Les C.O.V. sont responsables d'une nuisance olfactive et certains sont cancérigènes. Les méthodes physico-chimiques (incinération ou oxydation thermique) permettant d'éliminer ces C.O.V., très répandus, présentent des limites car elles nécessitent un apport d'énergie important et peuvent dégager des composés toxiques. Une voie aujourd'hui utilisée pour la dégradation des C.O.V. est le recours à des micro-organismes capables de les utiliser comme sources d'énergie et/ou de carbone. Ces micro-organismes sont introduits dans des dispositifs appelés biofiltres qui sont remplis de matériaux naturels (compost, tourbe) ou synthétiques (polypropylène, vermiculite, mousse de polyuréthane). Dans ces biofiltres circule de l'eau additionnée d'éléments minéraux pour assurer à ces micro-organismes des conditions de croissance optimales. Il se forme un biofilm microbien qui va dégrader les polluants apportés par l'effluent gazeux à traiter. De manière générale, de nombreuses souches bactériennes métabolisent facilement les alcools, les acides, les esters et les autres cétones. Pour certains C.O.V. particuliers, par exemple les composés halogénés, il est nécessaire d'introduire des micro-organismes spécifiquement adaptés. Ces systèmes sont très efficaces et commencent à être appliqués dans le traitement des effluents malodorants issus des stations d'épuration des eaux usées ou d'usines de fabrication de produits chimiques.
Les micro-organismes ne semblent pas être les seuls organismes vivants capables d'intervenir dans la dépollution de l'air. En effet, une étude menée dans le nord-est des États-Unis révèle que les plantes absorbent 44 p. 100 de l'émission atmosphérique des hydrocarbures aromatiques polycycliques émis dans l'atmosphère et résultant d'une mauvaise combustion du fuel.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Sylvain CHAILLOU : professeur de biologie végétale à AgroParisTech
- Jérôme COMBRISSON : docteur en écologie microbienne
Classification
Autres références
-
BIOTECHNOLOGIES
- Écrit par Pierre TAMBOURIN
- 5 368 mots
- 4 médias
...environnementales, qu'elles soient chimiques, biologiques, d'origine industrielle ou autres, sont ou seront traitées par des méthodes biotechnologiques. On utilise déjà des micro-organismes pour dégrader des déchets toxiques en produits non dangereux, en particulier en eau et dioxyde de carbone (biorestauration).... -
EAU - Approvisionnement et traitement
- Écrit par Georges BREBION , Cyrille GOMELLA et Bernard LEGUBE
- 10 057 mots
- 5 médias
– Letraitement biologique, destiné à éliminer la pollution organique biodégradable grâce aux micro-organismes (biomasse), est constitué par un ou plusieurs réacteurs en série (cf. Principe du traitement biologique). Pour une station assurant une épuration poussée des effluents, le traitement... -
EXTRÉMOPHILES
- Écrit par Jacques DIETRICH et Jean GUEZENNEC
- 2 856 mots
...caractéristiques physico-chimiques, rhéologiques et biologiques innovantes avec, donc, des applications dans différents secteurs industriels. À titre d'exemple, certains d'entre eux possèdent un pouvoir de rétention des métaux lourds tout à fait significatif, dépassant des valeurs de 350 mg de plomb (Pb... -
MICROBIOLOGIE
- Écrit par Corinne DOREL , Philippe LEJEUNE et Jean-Michel PANOFF
- 3 878 mots
- 9 médias
Par ailleurs, la maîtrise de la qualité de l'environnement peut être améliorée en utilisant certains micro-organismes pour biodégrader des produits toxiques issus de l'activité humaine tels que le toluène (par exemple, Pseudomonas putida).