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BIODIVERSITÉ URBAINE

Sous le poids d'un désir citadin de plus en plus fort de nature dans la ville et d'un hygiénisme constant, la ville a évolué très rapidement, en un siècle, pour proposer aujourd'hui des parcs plus « naturels » et demain des corridors écologiques. Certaines espèces disparaissent sous les effets de l'urbanisation, d'autres s'adaptent, modifiant leur comportement et leur morphologie, et, enfin, la majorité d'entre elles va simplement coloniser ce milieu de plus en plus végétalisé. Avec près de 8 p. 100 du territoire français, le milieu urbain (dont on retient ici la définition des géographes, c'est-à-dire qui s'applique à des espaces avec, en moyenne, moins de 200 mètres entre les bâtis) n'est plus marginal et doit s'inscrire dans les préoccupations générales de conservation de la nature.

Comment définir une biodiversité urbaine ?

La diversité du vivant intègre la richesse en espèces, la variabilité génétique et la diversité des fonctions écologiques et des écosystèmes. Elle tient compte à la fois des relations entre ces divers niveaux d'organisation et des enjeux pour la population humaine. Elle ne peut, en aucun cas, être restreinte à une liste d'espèces. D'ailleurs, pour obtenir beaucoup d'espèces, il suffit d'en introduire ou bien de perturber le milieu, gage d'apparition d'espèces généralistes, c'est-à-dire d'espèces qui – par leur plasticité comportementale – peuvent occuper des habitats très différents. De plus en plus, les écologues soulignent l'importance de la biodiversité fonctionnelle intégrant, par exemple, la cohérence des chaînes alimentaires et la présence des espèces rares qui sont le plus souvent des espèces spécialistes, c'est-à-dire adaptées à l'utilisation d'un seul type d'habitat dans lequel elles sont très performantes.

Pour l'écologue, la biodiversité s'intéresse essentiellement aux espèces sauvages qui composent la nature vivante présente dans les espaces plus ou moins naturels, depuis les montagnes, les zones humides et les mers jusqu'aux zones agricoles. Les animaux domestiqués, par exemple les vaches en milieu agricole, ne sont généralement pas intégrés dans la biodiversité, même s'ils peuvent avoir un rôle évident dans le fonctionnement écologique global de l'écosystème. Mais, en ville, peut-on conserver cette attitude ? La place des espèces exotiques (plantes ou animaux qui ont été introduits depuis d'autres continents dans nos jardins ou nos mares) ou des animaux de compagnie y est telle que le rôle de ces espèces peut devenir fondamental. Par exemple, le chat, qui est le principal prédateur de la faune urbaine, joue un rôle clé dans le fonctionnement de l'écosystème et dans la disparition de nombreuses espèces. Est-il possible alors de l'écarter des inventaires parce que c'est une espèce non sauvage ? Difficile de trancher car accepter de donner à cet animal toute sa place au sein de la biodiversité c'est aussi accepter que toutes les espèces exotiques ou domestiquées puissent devenir le fondement d'une nature qui ne serait non plus autochtone (les espèces qui composent les faunes et les flores forment des ensembles originaux) mais beaucoup plus banalisée (ce sont alors les mêmes espèces généralistes que l'on retrouverait dans tous les milieux et sous toutes les latitudes).

La biodiversité dans les villes pose une autre question de fond : celle de l'acceptation des espèces par le citadin. La ville est a priori construite pour l'homme et non pour la nature, et tout développement de cette dernière ne sera possible que si le citadin l'accepte sous ses différentes facettes. Car, si le citadin est bien le premier à réclamer une nature de proximité avec des espaces de verdure et des espèces sauvages dans son[...]

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