BIOLOGIE L'être vivant
Des tendances successives au sein de la biologie
La recherche en biologie, au-delà de la succession et parfois de la superposition des conceptions précédentes, a subi périodiquement des changements profonds, solidaires d'orientations nouvelles dans l’évolution des sociétés au sein desquelles se fabriquent les sciences. Ces changements sont également parallèles à ceux que l’on observe dans la culture générale et dans la pensée scientifique, elles-mêmes plus ou moins liées aux résultats déjà obtenus et à l’apparition de possibilités expérimentales nouvelles. Cela explique la succession de plusieurs grandes étapes dans l'histoire de la biologie, celles-ci se superposant d’ailleurs sur des durées plus ou moins longues.
Bien avant la naissance du mot « biologie » – de Pline l’Ancien à Buffon –, on décrit les êtres vivants comme des « prototypes » d’espèces réelles – ou imaginaires, telle la licorne dessinée par Conrad Gessner (1516-1565) en 1551. Au bestiaire des enluminures succèdent, avec l’imprimerie, non seulement des inventaires d’animaux et de végétaux, souvent superbement illustrés, mais aussi des textes décrivant les méthodes d’une bonne agriculture domestique. Ces derniers ouvrages connaissent une circulation considérable. Le nombre des espèces connues grandissant, en particulier avec l’exploration de mondes nouveaux, tandis que l’on se dégage des représentations imaginaires, il faut bien établir une nomenclature cohérente. Carl von Linné (1707-1778), parmi les premiers, en fixe les critères – et ce travail se poursuit encore de nos jours. Il faut ensuite classer ces organismes identifiés et nommés, ce qui se fait sur la base de leur plus ou moins grande ressemblance.Cette dimension taxonomique et classificatoire construit des inventaires structurés. Les travaux de taxonomie et de classification se développent jusqu'au milieu du xixe siècle, puis leur dynamisme se ralentit, même si l’on a encore recours à eux à l’occasion de la description d’espèces nouvelles et, d’une certaine manière, dans les études sur la biodiversité. À cette œuvre participent botanistes et zoologistes, mais aussi les paléontologues à travers leur recherche de ressemblance entre formes fossiles et actuelles. La biologie moléculaire est à l’origine d’un bouleversement à partir des années 1980 : la classification fondée sur l’homologie est remplacée par une phylogénie moléculaire fondée sur la comparaison des séquences de l’ADN chromosomique, ce qui révolutionne les classifications animales, et plus encore végétales.
Le temps des grandes fonctions
L'étude des grandes fonctions du vivant se développe discrètement à partir de la seconde moitié du xviie siècle puis d’une façon plus affirmée à partir du xixe siècle. Elle s’enracine dans des représentations du fonctionnement qui se formulent au xviiie siècle, associées au couple respiration-combustion, à l’électricité animale, aux théories de la reproduction, à l’optique, au mécanicisme cartésien. Longtemps infiltrée de certitudes philosophiques et religieuses, dépourvue de moyens expérimentaux sauf cas d’exception, la physiologie, nom que prend l’étude des fonctions, attendra l'impulsion des pharmacologistes (comme Magendie, 1782-1855) et des neurobiologistes (comme Helmholtz, 1821-1894) d’abord, puis de nombreux chercheurs en physiologie générale, pour prendre son essor. L’usage de systèmes expérimentaux et le recours à la quantification permettent progressivement la mise en évidence de lois communes, comme le contrôle de la constance du milieu intérieur établi par Claude Bernard (1813-1878), l’influx nerveux et l’activité réflexe, les glandes à sécrétion interne, etc., qui régissent le fonctionnement intégré des organismes vivants. Le xixe siècle est aussi l'époque de la définition des principes[...]
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Écrit par
- Andrée TÉTRY : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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