BIOLOGIE, en bref
La prise de conscience de la réalité biologique, c'est-à-dire de ce qui caractérise le vivant par rapport à l'inanimé, remonte sans doute aux premières tentatives des Anciens pour définir et expliquer cette différence. On pense ici à la philosophie naturaliste d'Aristote, aux idées d'Hippocrate, puis de Galien. Leur conception de la vie s'inscrit le plus souvent dans une dimension métaphysique ou religieuse, impliquant l'intervention de forces extérieures. Cette pensée est souvent d'inspiration cosmogonique, ce qui n'empêche pas de voir s'élaborer les premières théories sur la santé et la maladie, qui seront reprises et précisées par la médecine arabo-islamique du xiie siècle. Cela n’empêche pas davantage les premiers inventaires descriptifs des êtres vivants comme l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien.
C'est sans doute à partir des travaux des premiers naturalistes (Andrea Cesalpino, Pierre Belon parmi bien d’autres) et des premiers physiologistes du xvie siècle (Jean Fernel) que le vivant commence à être étudié pour lui-même, si l'on peut dire, et que sa connaissance va s'organiser, à la fin du xviie et au cours du xviiie siècle, en une véritable science. Celle-ci répond à l'intention de décrire et de recenser, en la classant, la diversité biologique (Linné, Adanson, Buffon). Après quoi, le xixe siècle verra se développer les grandes théories relatives à l'origine de cette même diversité avec l'œuvre des évolutionnistes (Geoffroy Saint-Hilaire, Lamarck, Darwin).
Le mot « biologie » sera d'ailleurs utilisé pour la première fois en 1802 par le naturaliste allemand Gottfried Reinhold Treviranus pour caractériser l'étude des « différents phénomènes et formes de la vie, les conditions et les lois qui régissent son existence et les causes qui déterminent son activité ». À la même époque, Lamarck, indépendamment, introduit le mot en français et l'utilise dans son traité de Philosophie zoologique (1809).
En tant que discipline autonome, la biologie aura désormais pour tâche de comprendre les propriétés intrinsèques qui sont sous-jacentes non plus tant à la diversité qu'à l'unité du monde vivant. Elle le fera en abordant le problème sous des angles qu'autorisent les sciences chimique et physique de l'époque, tout en s'appuyant sur un principe de causalité linéaire de type cartésien. La génétique fait son apparition à la fin du xixe siècle et au début du xxe, née de l'approche physico-chimique. De ce fait, une branche nouvelle, l'étude des gènes, de leurs produits et de leur activité, couramment appelée « biologie moléculaire », va peu à peu s'imposer. Elle régnera sans partage au xxe avec les découvertes de la double hélice de l'ADN et du code génétique, qui assoient, de façon indubitable, le principe d'unité fonctionnelle du vivant, fondé sur l'« émergence » des acides nucléiques aux origines de la vie. Car la biosynthèse des protéines est dirigée par un certain nombre de séquences nucléotidiques de l'ADN dont les codes sont transcrits en ARN messager. Leur « lecture » (traduction) permettra aux cellules d'assembler des acides aminés en protéines séquentiellement spécifiées. Pour autant, jusqu'au début des années 1970, la préoccupation majeure des biologistes, même si elle a changé d'inspiration et d'approche depuis la période naturaliste, restera fixée sur l'explication de la singularité du vivant (en l'occurrence, par les propriétés des macromolécules présentes dans les cellules).
Avec l'essor du génie génétique (à partir de 1973), suivi de près par les expériences de transgenèse, on assiste aux premières tentatives pour intervenir sur le vivant à l'échelon du patrimoine héréditaire[...]
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Écrit par
- François GROS : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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