BIOT DÉMONTRE L'ORIGINE EXTRATERRESTRE DES MÉTÉORITES
Il peut aujourd'hui paraître curieux que les météorites n'aient pas attiré l'attention des savants avant la fin du xviiie siècle. Mais la plupart d'entre eux partageaient alors l'opinion de Newton selon laquelle il ne pouvait exister de petits objets dans l'espace interplanétaire. L'Allemand Ernst Florenz Friedrich Chladni avait cependant suggéré en 1794 qu'un bloc ferreux de 700 kilogrammes environ trouvé dans la région de Krasnoïarsk, en Sibérie, et examiné en 1772 par Piotr Simon Pallas, pourrait bien provenir de cet espace. Un chimiste britannique, Edward C. Howard, avait fait la même remarque en 1802, à propos d'un bloc de 25 kilogrammes environ contenant du fer et du nickel, dont la chute avait été observée le 13 décembre 1795 à Wold Cottage, dans le Yorkshire (Angleterre). Il s'ensuivit une controverse acharnée entre partisans et adversaires de l'origine extraterrestre des météorites.
Le 26 avril 1803, 3 000 pierres environ tombent du ciel en plein jour près du village de L'Aigle, dans l'Orne ; de très nombreux témoins observent cette chute. Jean Antoine Chaptal, ministre de l'Intérieur, dépêche sur place Jean-Baptiste Biot (1774-1862), membre de l'Académie des sciences. Le rapport de Biot devant l'Académie le 18 juillet 1803 établit, sans laisser la moindre place au doute, qu'il s'agit bien de corps d'origine extraterrestre, fragments d'un unique objet. Cette découverte suscite un intérêt considérable ; les musées commencent à constituer des collections de météorites qui prennent tout leur intérêt avec les moyens d'analyse actuels, car les météorites contiennent de la matière primitive, antérieure à la formation du système solaire.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- James LEQUEUX : astronome émérite à l'Observatoire de Paris
Classification