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BĪRŪNĪ (973-1050)

Un homme mêlé aux débats de son époque

C'est sous le règne d'Abū'l-‘Abbās (1010-1017) que Bīrūnī devait jouer un rôle important. Nous connaissons ce que fut son activité politique et diplomatique à cette époque par les extraits de son Histoire du Khwārizm conservés par Bayḥaqī. Son but était avant tout l'indépendance de son pays, menacée par une aristocratie militaire, soucieuse de ses seuls intérêts.

Bīrūnī écrit alors son traité sur les poids spécifiques de différents métaux et pierres précieuses. De cette époque date également sa correspondance avec Avicenne sur des questions de physique et de philosophie de la nature (question du vide, de la propagation de la chaleur, de la dilatation des corps, de la réflexion et de la réfraction de la lumière). Il critique l'application à la physique des thèses spéculatives issues de la philosophie d'Aristote, mais il prend un ton très polémique et Avicenne cesse de répondre.

En 1017, Maḥmūd le Ghaznévide annexe le Khwārizm. Bīrūnī est emmené prisonnier à Ghazna et manque d'être mis à mort comme suspect de tendances qarmates. Sauvé par un vizir, sa situation reste difficile. Il vit treize ans sous le règne de Maḥmūd, devient peut-être son astrologue officiel et l'accompagne en Inde. Il y enseigne la science grecque, traduit des ouvrages indiens en arabe et dirige ou réalise lui-même des traductions en sanscrit des Éléments d'Euclide, de l'Almageste de Ptolémée, et d'un de ses propres livres sur l'astrolabe.

De cette période datent d'importants ouvrages : l'Histoire du Khwārizm ; le Livre de la fixation des limites des lieux, ouvrage géographique qui présente également un intérêt paléontologique et géologique, et qui contient un passage sur la construction d'un canal entre la Méditerranée et la mer Rouge ; le Livre pour faire comprendre les principes de l'astrologie ; et surtout le Livre sur l'Inde, qui consigne ses observations, ses enquêtes, ses lectures et ses réflexions.

Maḥmūd meurt en 1030. Sous le sultan Mas‘ūd, la situation de Bīrūnī s'améliore. Il compose un traité, « éloigné de la manière ordinaire des astronomes et de leur terminologie », sur les différences de longueur de la nuit et du jour. Il dédie au prince son grand ouvrage d' astronomie, al-Qānūn al-Mas‘ūdī, terminé en 1066. Dans l'ensemble, Bīrūnī suit Ptolémée, mais il s'en écarte sur plusieurs points : il tient, par exemple, que l'apogée du Soleil n'est pas immobile. S'il admet le géocentrisme, il montre cependant que les faits astronomiques peuvent s'expliquer à partir de l'hypothèse que la Terre tourne autour du Soleil. On lui doit du reste un traité sur le Repos de la Terre et son mouvement.

Bīrūnī composera encore deux ouvrages bibliographiques. L'un est consacré aux écrits de Rāzī. L'autre fait le bilan de ses propres œuvres ; il y parle de ses espoirs de jeunesse, de ses difficultés, de ses maladies, et l'on en vient à admirer sa ténacité. À la fin de sa vie, il se consacre à la minéralogie : Recueil des pierres précieuses et écrit le Livre des drogues médicinales. On a longtemps admis qu'il mourut en 1048, mais de plus récents travaux repoussent cette date à 1050.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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  • ISLAM (La civilisation islamique) - Les mathématiques et les autres sciences

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    ...domaine des mesures, al-Khāzinī, vers 1100, se référant aux travaux des Anciens (Archimède, Aristote, Euclide, Ménélas, Pappus) et surtout à ceux de Bīrūnī en vue de déterminer le poids spécifique, donna dans son ouvrage Balance de la sagesse (Mīzān al-ḥikma) une théorie détaillée de la balance...