BISMUTH
Emplois
Ce métal coûteux sert surtout à préparer des alliages spéciaux, mais l'utilisation en pharmacie est loin d'être négligeable.
Emplois thérapeutiques
Le bismuth, dont la toxicité rappelle celle du mercure et de l'arsenic, avec une prédominance rénale, est administré sous forme de composés insolubles dans l'eau. Ces sels insolubles constituent de remarquables pansements externes ou internes. Leur composition étant, le plus souvent, définie par leur préparation, il convient de multiplier les contrôles des produits finis pour être certain de leur innocuité. Les pharmacopées ne tolèrent que des quantités minimes de dérivés d'éléments voisins qui peuvent accompagner le bismuth servant de matière première ; en particulier, le pourcentage d'arsenic toléré est infime. Les composés insolubles sont atoxiques, car leur absorption digestive est très limitée. On s'adresse surtout aux nitrates et carbonates basiques, qui présentent, en plus de leur pouvoir couvrant, des propriétés antiacides et antiseptiques s'opposant aux fermentations. Leur division leur confère un fort pouvoir adsorbant ; dans l'intestin, les gaz soufrés sont fixés sous forme de sulfure Bi2S3 noir, colorant les fèces. Il convient de proscrire l'absorption de sels de bismuth avant une exploration radiologique du tube digestif, car ils sont opaques aux rayons X et masquent la progression des substances de contraste administrées.
Les doses habituelles par voie buccale sont de l'ordre de 10 g en cas d'affections gastriques ou intestinales (ulcère, entérite, diarrhée). En usage externe, l'utilisation comme topique isolant et cicatrisant s'effectue sous forme de pommades à base de nitrate ou de gallate basiques (dermatol).
Le pouvoir toxique envers les micro-organismes est mis à profit par voie rectale sous forme de succinate dans les angines et, surtout par voie parentérale, comme antisyphilitique. Cette utilisation connaît un regain d'intérêt dans les intercures d'antibiothérapie. On s'adresse à des dérivés généralement liposolubles, dont l'action est durable, butyl-thiolaurate de bismuthyle par exemple, ou à l'iodobismuthite de quinine en suspension dans l'huile à une dose usuelle de l'ordre de 0,075 g exprimée en bismuth. Le traitement comporte une série de 15 à 20 injections intramusculaires bihebdomadaires, puis hebdomadaires, entrecoupées de repos tous les deux mois.
Les alliages
Le bismuth sert à préparer un certain nombre d'alliages, souvent eutectiques, qui peuvent être classés selon leurs emplois.
Alliages à bas point de fusion : ils sont surtout utilisés comme fusibles de sécurité dans les obus de gaz liquéfiés ou comprimés (chlore, ammoniac) pour éviter leur explosion en cas de surchauffe accidentelle ou dans la lutte contre l'incendie pour obturer des colonnes d'eau : une élévation excessive de température provoque leur fusion et l'inondation du foyer d'incendie. Trois exemples sont donnés dans le tableau.
Alliages utilisés en métallurgie : pour les opérations de moulage, on recherche des matériaux à point de fusion relativement bas, de fluidité et de densité suffisantes, se solidifiant avec une variation de volume constante ou nulle. L'eutectique Bi-Pb à 58 p. 100 fond à 125 0C et se solidifie sans contraction. Le cerrobend ou cerromatrix (à base de bismuth, plomb, étain et antimoine) permet d'obtenir des assemblages de précision de pièces métalliques de formes compliquées ainsi que des moulages ou des clichés.
Alliages pour aimants permanents : certains ont d'intéressantes performances, tel l'alliage de manganèse et de bismuth Mn-Bi, qui résiste dix fois mieux à la démagnétisation que ses concurrents, ce qui permet son emploi dans des appareils de mesure très précis.
Le bismuth et certains de ses alliages sont[...]
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Écrit par
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Classification
Médias
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