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BLADE RUNNER 2049 (D. Villeneuve)

Trente ans après

<em>Blade Runner 2049</em>, D. Villeneuve - crédits : Columbia Pictures/ Entertainment Pictures/ Zumapress.com/ Aurimages

Blade Runner 2049, D. Villeneuve

En 2049, comme en 2019, Los Angeles est plus triste que jamais, immense chape de plomb où rien ne laisse penser qu’on est en bord de mer. C’est une ville de trafics, commerciaux et louches, mais aussi de trafics hautement polluants, générés par des transports futuristes, bien peu respectueux d’une nature qui semble avoir disparu. Toute nourriture est produite par des manipulations génétiques. Il n’existe plus d’animaux vivants, ou presque, et les quelques rares exemplaires qui ne sont pas des robots sont des phénomènes extraordinaires. Comme en 2019, d’immenses publicités lumineuses sont les seules illuminations dans le ciel sombre de la ville. Cette fois, le tueur de réplicants, interprété par Ryan Gosling, ne possède ni nom ni prénom. Il s’appelle K, simplement, comme le héros du Procèsde Kafka. Et il n’y a apparemment plus de doute sur son compte : il a bien été fabriqué. Pourtant, pendant une bonne partie du film, le spectateur est conduit à penser que K pourrait bien être le fils de Deckard et de Rachel, la réplicante que le solitaire aimait. Le suspense autour de cette possible filiation est un des grands charmes de ce nouvel opus, tant un héros qui doute de sa propre origine constitue un ressort mythologique toujours efficace. Faire partager cette anxiété au spectateur n’allait pas de soi et Villeneuve y parvient parfaitement, qu’on ait vu ou pas le premier BladeRunner. La construction de plusieurs séquences magistrales ajoute encore à la séduction. Une scène de « retrait » – le mot technique pour la destruction des réplicants – ouvre le film, au milieu d’un paysage désertique qui contraste fortement avec la ville étouffante qui en est le décor quasi constant. Certains ont ici évoqué le Stalker de Tarkovski. Mais, en tout cas, cette séquence est bien plus forte qu’un simple plagiat. Beaucoup de moments du film sont admirables : la rencontre avec une jeune fille de génie vivant dans une bulle mystérieuse, le contact finalement établi avec le vieux Rick Deckard (et c’est la réapparition du mythique Harrison Ford dans un décor digne du Shining de Kubrick), l’irruption magique de l’inoubliable Rachel, épargnée par le temps qui passe. 

Si le film de 2017 est moins beau que celui de 1982, c’est qu’il n’a plus sa cohérence, cette unité de ton mélancolique qui en faisait un objet exceptionnel. Plus hésitant, distillant parfois des moments d’ennui entre deux séquences très inventives, BladeRunner 2049 n’est pas indigne de sa matrice de 1982 mais en propose une déclinaison parfois décevante.

— René MARX

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<em>Blade Runner 2049</em>, D. Villeneuve - crédits : Columbia Pictures/Entertainment Pictures/ZUMAPRESS.com/ Aurimages

Blade Runner 2049, D. Villeneuve

<em>Blade Runner 2049</em>, D. Villeneuve - crédits : Columbia Pictures/ Entertainment Pictures/ Zumapress.com/ Aurimages

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