Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DIMITROVA BLAGA (1922-2003)

Poétesse et romancière bulgare, Blaga Dimitrova aura cherché, tout au long de sa vie, à conquérir, contre tous les conformismes, une difficile liberté.

Née le 2 janvier 1922 à Biala Slatina, elle grandit dans la ville de Veliko Tirnovo. Elle commence des études de littérature slave à l'université de Sofia en 1945, alors que le communisme bulgare, totalement aligné sur Moscou, met en place une dictature particulièrement sévère.

Blaga Dimitrova se reconnaît dans l'antifascisme et l'internationalisme qui sont alors officiellement prônés. Elle poursuit ses études à Leningrad, puis à Moscou, où elle soutient sa thèse en 1951. De retour à Sofia, elle travaille comme rédactrice dans une maison d'édition pour la jeunesse. C'est à cette époque qu'elle commence à écrire ses premiers poèmes et romans, tout en accomplissant un grand travail de traductrice polyglotte (russe, polonais, grec ancien, allemand, suédois et vietnamien). Ses poèmes qui louent la résistance, pourtant très faible en Bulgarie, et la construction du socialisme lui valent le soutien des autorités soviétiques.

Grande voyageuse – au Nord-Vietnam notamment, qu'elle soutient avec force pendant la guerre –, familière des littératures mondiales, Blaga Dimitrova supporte mal le conformisme provincial du dictateur Todor Jivkov. À la fin des années 1970, elle écrit Déviations, et devient alors la cible d'attaques dans la presse officielle. Ses livres sont censurés puis interdits, ce qui ne fait qu'augmenter sa popularité au sein du peuple bulgare.

À la fin des années 1980, elle fait partie de la poignée d'individus qui conteste le régime et, en 1987-1988, elle fonde avec quelques amis Le Club pour la démocratie.

Lors de la visite du président Mitterrand à Sofia à l'automne de 1989, elle compte au nombre des douze dissidents invités à le rencontrer à l'ambassade de France. Le philosophe Jeliou Jelev est également présent. Après la chute du communisme en Bulgarie en 1989-1990, celui-ci devient président de la République. Quant à Blaga Dimitrova, elle est élue vice-présidente en 1992. Mais elle entre vite en conflit avec Jeliou Jelev et supporte mal les querelles de clocher au sein de l'Union des forces démocratiques (U.F.D.), ce qui entraîne sa démission un an plus tard. En 1993, elle préside la fondation Raïna Kabaivanska d'aide aux orphelins.

Après 1993, elle revient à l'écriture « enfin libérée, non seulement des illusions de jeunesse ou de la censure, mais aussi de l'obligation de défendre une cause » (Tzvetan Todorov). Proposée par l'État bulgare pour le prix Nobel de littérature, Blaga Dimitrova a reçu le prix du Pen Club polonais pour ses traductions, et le prix allemand Herder en 2001. Elle laisse une trentaine de recueils de poésie (Qui veille sur la cigogne aveugle, La Mer interdite, Le Visage), sept romans (dont L'Enfant qui venait du Vietnam), quatre pièces de théâtre, et de très nombreux essais.

— Christophe CHICLET

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

Classification

Autres références

  • BULGARIE

    • Écrit par , , , , , , , et
    • 26 995 mots
    • 12 médias
    ...qu'il soit d'inspiration réaliste, philosophique, allégorique. Parmi tant d'auteurs, retenons quelques noms : Pavel Vejinov (1914), Ivaïlo Pétrov (1923), Blaga Dimitrova (1922). Cette dernière tient aussi une place de choix parmi les poètes contemporains. Un fait curieux est à noter : malgré la libéralisation...