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DIAGNE BLAISE A. (1872-1934)

Carrière politique après la guerre

Diagne est réélu député du Sénégal en 1919, mais il se trouve désormais dans une position politique difficile : il est à la fois contesté par les Jeunes Sénégalais, qui le jugent trop proche du gouvernement colonial, et objet de méfiance de la part des cercles coloniaux conservateurs parisiens, en raison de ses déclarations de campagne hostiles à l’administration française et favorables à une plus grande autonomie des Africains. Ses appuis parlementaires lui permettent cependant d’être élu au poste prestigieux de président de la commission sur les colonies à la Chambre, en 1921. Le principal tournant politique de la carrière de Blaise Diagne intervient en 1923, date à laquelle il signe avec les grands noms du commerce bordelais le « pacte de Bordeaux » : afin de garantir le développement économique du Sénégal, Diagne s’engage à cesser toute opposition aux grandes compagnies de commerce françaises et à réconcilier ses partisans avec les firmes françaises. Cet accord, négocié dans le secret, contribue à le discréditer aux yeux des Jeunes Sénégalais. Il parvient néanmoins à remporter les élections de 1924, 1928 et 1932, notamment grâce au soutien durable des anciens combattants, des Lébou, du négoce bordelais et de l’administration coloniale.

La participation de Diagne aux gouvernements de Pierre Laval (1931-1932) en tant que sous-secrétaire d’État aux Colonies achève de convaincre ses détracteurs de sa collusion avec le gouvernement colonial.Au début des années 1930, lors des réunions du Bureau international du travail à Genève, Diagne défend le travail forcé aux colonies, au nom de la nécessaire participation des Africains à la mise en valeur du continent. Il consacre les dernières années de sa carrière à obtenir du Parlement des subventions en faveur de l’arachide sénégalaise, qui souffre de la crise économique mondiale.

Diagne meurt le 11 mai 1934 à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques). Les cérémonies organisées à Dakar en décembre 1972 pour le centenaire de sa naissance célèbrent le père du système politique moderne du Sénégal. Les jeunes générations, quant à elles, retiennent plutôt sa collusion avec les milieux d’affaires bordelais et le gouvernement colonial.

— Stéphanie SOUBRIER

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Écrit par

  • : docteure en histoire, rattachée au Centre d'histoire du XIXe siècle, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Média

Blaise Diagne - crédits : Albert Harlingue/ Roger-Viollet

Blaise Diagne

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