LI BLANCA (1964- )
D’origine andalouse, installée en France depuis 1992, Blanca Gutierrez, dite Blanca Li, s’est taillé une réputation de chorégraphe hors norme en France, mais aussi dans toute l’Europe et à New York. Éclectique dans ses choix artistiques, conjuguant le flamenco au hip-hop, elle est aussi réalisatrice, danseuse et actrice. Reconnue pour l’originalité de ses propositions, elle est capable de soutenir la cadence effrénée de clips vidéo déjantés ou de se conformer aux normes du ballet classique. Son goût pour les nouvelles technologies impulse à sa danse une vitalité sans frontières.
Une pensée flamenca
Née à Grenade (Espagne) le 12 janvier 1964, Blanca Li est engagée dès l’âge de douze ans dans l’équipe nationale de gymnastique, où elle acquiert une discipline corporelle dont elle revendique aujourd’hui la nécessité. À dix-sept ans, elle part pour New York afin de suivre les cours de Martha Graham et d’Alvin Ailey. Elle y apprend les bases de la danse moderne et du music-hall, tout en assistant aux premières expériences de hip-hop, qu’elle découvre dans les parcs de Harlem.
De retour à Madrid en 1986, elle crée sa première compagnie de danse contemporaine. Immédiatement repérée, elle est sélectionnée pour figurer au programme de l’Exposition universelle de Séville en 1992. La même année, elle s’installe à Paris. Dès 1993, sa création Nana et Lila reçoit le prix du meilleur spectacle de danse dans le cadre du festival off d’Avignon. Salomé (1995) puis Stress (1997) assoient sa réputation de chorégraphe à l’humour dévastateur, dans le droit fil de la movida, courant culturel madrilène plein de vitalité et de dérision, auquel elle imprime une dimension féministe et drolatique.
Entre-temps, elle collabore à plusieurs clips publicitaires – ce qu’elle continuera de faire jusqu’aux années 2000 –, travaillant pour des marques prestigieuses ou pour des défilés de mode. Cette capacité à s’adapter à divers domaines lui donne son autonomie financière. Elle développe ainsi une dynamique de projets distincts où se croisent des inspirations convergentes. De La Vie brève et L’Amour sorcier, deux opéras de Manuel de Falla, pour l’Opéra national de Lorraine à Nancy, en 1997, à Angoisse (1998), son premier court-métrage, en passant par plusieurs vidéos musicales, dont celle qu’elle réalise en 1997 pour le groupe français de musique électronique Daft Punk, c’est la même expression d’une énergie boulimique structurée par une discipline de fer qui se déploie. Une sorte de « pensée flamenca » débarrassée de tout exotisme. Elle décide du reste d’en faire perdurer l’esprit en fondant à Paris, en 1998, les studios Calentito qui s’adressent encore aujourd’hui aux professionnels du théâtre, de la danse, du cinéma, de la photographie et de la mode.
C’est avec Macadam Macadam, créé en 1999 au festival de Suresnes Cités Danse, que ses talents de chorégraphe hip-hop deviennent manifestes. Plusieurs fois représenté, ce spectacle recevra en 2007 le globe de cristal du meilleur spectacle de danse en France, décerné par la presse. De fait, Macadam Macadam mélange les genres en s’imprégnant de l’atmosphère burlesque des anciens films muets. Plus que le hip-hop, ce qui guide la chorégraphe, c’est la possibilité de souligner jusqu’à la caricature les stéréotypes en usage dans la répartition des rôles entre filles et garçons dans le monde de la danse. Cela ne l’empêche pas d’en jouer avec élégance dans la chorégraphie qu’elle compose, toujours en 1999, pour l’opéra de Jean-Baptiste Rameau Les Indes galantes, dont une version sort en DVD en 2005.
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Écrit par
- Lise OTT : professeure de lettres, critique d'art, membre de l'Association internationale des critiques d'art
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