LI BLANCA (1964- )
Le choix de l’éclectisme
L’éclectisme franco-espagnol de Blanca Li est pour ainsi dire son image de marque. Coup sur coup, elle écrit Univers unique (2000) pour danseurs, acrobates, trapézistes et un accordéoniste, et conçoit un solo, Silhouette (2000), pour Monique Loudières, danseuse étoile du Ballet de l’Opéra de Paris, au festival d’Avignon. L’année suivante, le Ballet national de l’Opéra de Paris lui commande la chorégraphie de Shéhérazade, dont Christian Lacroix signe les costumes. En 2002, Le Défi, comédie musicale hip-hop écrite pour cent danseurs fait l’unanimité et se trouve sélectionnée au festival du film de Tribeca à New York. Al Andalus, en 2004, fait la une du festival international de Grenade, tandis que sa chorégraphie pour le Don Giovanni de Mozart, dans la mise en scène de Marthe Keller, est plébiscitée au Metropolitan Opera de New York. Cette année-là, elle est reçue chevalier de l’Ordre national du mérite, en France, tandis que l’Espagne lui décerne le prestigieux prix Manuel-de-Falla.
Nommée en 2006 directrice artistique du Centro Andaluz de Danza à Séville, elle en revient aux sources. En 2007, Corazón loco et, surtout, Poeta en New York, inspiré par des poèmes de Federico García Lorca, en témoignent. Elle donne alors, à l’invitation du musée d’Art contemporain de Castille-et-León, en 2008, sa première exposition, Je vais t’apprendre à danser, conçue comme une installation plastique, audiovisuelle et chorégraphique sur plus de 1 000 mètres carrés, jalonnée de propositions interactives. C’est le début d’une nouvelle offensive en direction des publics dont l’aboutissement verra le jour lors de La Fête de la danse, événement multimédia organisé au Grand Palais à Paris en 2011. Métamorphosée en parc d’attractions et en piste de danse, la grande nef accueille, sur un mode informel et festif, des milliers de visiteurs invités à s’essayer aux genres les plus divers, des danses de Bollywood à la salsa, en passant par le tango et une gigantesque Dance mob(danse chorégraphiée de foule) imaginée par la chorégraphe.
Pour autant, Blanca Li n’a rien perdu de son ardeur à brasser les cultures. Le Jardin des délices, pièce pour dix danseurs créée en 2009, d’après un tableau de Jérôme Bosch, Elektro Kif, en 2010, pour huit danseurs hip-hop, Robot !, création signée avec le groupe de musique électronique japonais Maywa Denki en 2013, ainsi que la chorégraphie pour le film Les Amants passagers du cinéaste espagnol Pedro Almodóvar montrent que la chorégraphe n’aime rien tant que construire sa propre vision du monde – explosive et sophistiquée – au sein d’un apparent chaos.
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Écrit par
- Lise OTT : professeure de lettres, critique d'art, membre de l'Association internationale des critiques d'art
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