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THEBOM BLANCHE (1915-2010)

Elle incarne Brangäne dans le légendaire enregistrement de Tristan réalisé en 1952 sous la direction de Wilhelm Furtwängler, aux côtés de Kirsten Flagstad et de Ludwig Suthaus ; elle fut Eboli dans Don Carlo de Verdi, Didon des Troyens de Berlioz : la voix de mezzo-soprano dramatique de l'Américaine Blanche Thebom était aussi à l'aise dans les rôles wagnériens et verdiens que dans ceux du répertoire français. Sa beauté altière, son élégance naturelle, son perfectionnisme et son exceptionnelle présence scénique en firent une véritable star de la scène lyrique.

D'origine suédoise, Blanche Thebom naît à Monessen, en Pennsylvanie, le 19 septembre 1915 (selon ses propres dires ; la plupart des biographies mentionnent 1918). Élevée à Canton, dans l'Ohio, elle entame une carrière de secrétaire, avant de commencer à étudier le chant à New York, en privé, avec la mezzo-soprano Edyth Walker. Le célèbre imprésario Sol Hurok la découvre, et organise un récital au Town Hall de New York, en janvier 1944. Engagée par le Metropolitan Opera de New York, Blanche Thebom débute au sein de la troupe de cette prestigieuse institution le 28 novembre 1944, à Philadelphie, dans le rôle de Brangäne (Tristan und Isolde de Wagner), aux côtés de Lauritz Melchior et d'Alexander Kipnis. Elle se produira durant vingt-deux saisons au Met, dans 357 représentations ou concerts, totalisant 28 rôles. Elle y incarnera les grandes héroïnes wagnériennes : Brangäne, évidemment, les deux Fricka (de La Walkyrie, le 14 décembre 1944, date de ses débuts dans la salle du Met, et de L'Or du Rhin, en 1945), Waltraute (Le Crépuscule des dieux, 1945), Vénus (Tannhäuser, 1945), Erda (L'Or du Rhin, 1948), Ortrud (Lohengrin, 1950), Magdalene (Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, 1963). Sa plus fréquente incarnation au Met sera cependant Amneris (Aïda de Verdi), qu'elle interprétera 80 fois, entre 1946 et 1959. Parmi ses autres rôles au Met, citons Laura (La Gioconda de Ponchielli), Giulietta (Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach), Marina (Boris Godounov de Moussorgski), le rôle-titre de Mignon d'Ambroise Thomas, Dalila (Samson et Dalila de Saint-Saëns), Eboli (Don Carlo de Verdi), Azucena (Il Trovatore de Verdi), le Prince Orlofsky (La Chauve-Souris de Johann Strauss fils), Dorabella (dans la célèbre production par Alfred Lunt, en anglais, de Così fan tutte de Mozart, aux côtés de la Fiordiligi d'Eleanor Steber, décembre 1951), Geneviève (Pelléas et Mélisande de Debussy). Elle participe au Met aux premières aux États-Unis du Rake's Progress de Stravinski (rôle de Baba la Turque, 14 février 1953) et d'Arabella de Richard Strauss (Adelaide, 10 février 1955). C'est dans le rôle de la Comtesse de La Dame de Pique de Tchaïkovski qu'elle fait ses adieux à la scène, au Met, le 6 mars 1967.

Blanche Thebom avait débuté en 1950 au festival de Glyndebourne (Dorabella, sous la direction de Fritz Busch), en juin 1957 au Covent Garden de Londres (Didon dans la célèbre production par John Gielgud des Troyens de Berlioz, sous la direction de Rafael Kubelík), en 1957 au Bolchoï de Moscou (rôle-titre de Carmen de Bizet), où elle fut la première cantatrice américaine à se produire. Son physique glamour la conduisit à Hollywood : elle apparaît notamment dans Irish Eyes Are Smiling, de Gregory Ratoff (1944), et dans The Great Caruso, de Richard Thorpe (1951, avec Mario Lanza dans le rôle de Caruso).

1952 est l'année du premier et miraculeux enregistrement intégral en studio de Tristan und Isolde de Wagner, avec Furtwängler à la tête de l'orchestre Philharmonia : Blanche Thebom est aux côtés de Kirsten Flagstad – Isolde –, Ludwig Suthaus – Tristan –, Josef Greindl – le Roi Marke – et Dietrich Fischer-Dieskau – Kurwenal. Dans sa discographie, on retiendra encore Salomé de Richard[...]

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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