BLÉ
Terres à blé et producteurs de blé
La production mondiale de blé est de l’ordre de 675 millions de tonnes (Mt) depuis le début des années 2010, contre seulement 100 Mt au début des années 1910. Les principaux producteurs mondiaux sont l’Union européenne, la Chine, les « pays de la mer Noire » (Russie, Ukraine, Kazakhstan), l’Inde et les États-Unis. Depuis le début des années 1990, les superficies consacrées au blé dans le monde ont peu fluctué : elles sont comprises entre 210 et 220 millions d'hectares, réparties sous les latitudes tempérées. C’est donc principalement grâce à la progression des rendements (le rendement moyen mondial étant passé de 25 quintaux à l’hectare – q/ha – au début des années 2000 à 31 q/ha au début des années 2010) que la production mondiale a continué de croître. Il semble toutefois que l’on ait aujourd’hui atteint un plateau dans ce domaine dans différents pays, dont la France.
Dans bien des régions du monde, le blé est principalement produit dans de très petites exploitations couvrant au plus quelques hectares. C'est en particulier le cas en Inde et en Chine. Lorsque les agriculteurs peuvent irriguer et disposer des différents intrants de la « révolution verte », les rendements peuvent atteindre de 50 à 60 q/ha, mais les moyennes nationales se situent vers 45 q/ha en Chine et vers 28 q/ha en Inde. On note toutefois une tendance à l’essoufflement de la révolution verte depuis quelques années. Malgré quelques progrès, la productivité par homme demeure très modeste dans ces pays : elle est le plus souvent comprise entre 30 et 100 quintaux par unité de main-d'œuvre.
En Afrique du Nord et au Proche-Orient, le blé est cultivé sur de petites parcelles irriguées ou sur des superficies un peu plus vastes sans irrigation. Les rendements à l'hectare sont dans ces conditions très contrastés : de 50 à 60 quintaux dans le premier cas et de 5 à 10 quintaux dans le second. Ce dernier chiffre peut varier, d'une année sur l'autre, du simple au triple en fonction des aléas du climat. Pour le blé irrigué, les problèmes de concurrence pour l'eau se font de plus en plus sentir. Dans tous les cas, la productivité par homme demeure, sauf exception, très modeste en raison de la taille des exploitations et des techniques disponibles.
Dans les pays où la production de blé n'a commencé à prendre son essor qu'à partir de la seconde moitié du xixe siècle (États-Unis, Canada, Argentine, Australie), l'essentiel du blé provient de régions plus ou moins marquées par la semi-aridité. Dans de telles conditions agronomiques, les rendements dépassent rarement 25 q/ha. Le rendement moyen pour l'ensemble des États-Unis n'est que de 30 q/ha. Toutefois, compte tenu des dimensions des exploitations, qui vont de quelques centaines à plusieurs milliers d'hectares, et d'un recours systématique à une mécanisation et à une motorisation très puissantes, la productivité par unité de main-d'œuvre est élevée, voire très élevée (plus de 5 000 et assez souvent plus de 10 000 q/unité de main-d'œuvre). C'est le cas dans les wheatbelts (« ceintures du blé ») des États-Unis et dans la Prairie canadienne, régions spécialisées dans la production de cette céréale.
L'originalité de l'Union européenne est de présenter dans ses grandes régions céréalières (Bassin parisien, Bassin de Londres, plaine du Pô, Länder de l'Allemagne orientale...) à la fois des rendements à l'hectare élevés (70 q/ha en moyenne, mais nettement plus dans certaines exploitations) et des rendements par unité de main-d’œuvre élevés (supérieurs à 10 000 et même à 15 000 quintaux). Ces greniers européens fournissent en outre, contrairement aux wheatbelts, une production relativement régulière d'une année sur l'autre:[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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Médias
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