BLUES
Histoire et principaux interprètes
Le blues entre sur le marché du disque et de la musique avec la publication du Crazy Blues gravé à New York pour OKeh le 14 février 1920 par Mamie Smith. Celle-ci n'est pas la première Noire à enregistrer, mais son immense succès amène les compagnies phonographiques à créer pour le public noir des séries spéciales et bon marché appelées « colored » puis « race records ». Près de sept mille disques de blues, de spiritual, de gospel et de jazz seront publiés de 1920 à 1940, où disparaît le terme devenu infamant de « race », que remplace pour la musique noire enregistrée par des Noirs pour des Noirs celui de rhythm and blues.
Apparu par le courant dit des chanteuses de blues classiques, illustré par Ma Rainey, Bessie Smith « l'Impératrice », Ida Cox, Sippie Wallace, Rosa Henderson, Clara Smith, Lucille Hegamin, Edith Wilson, Victoria Spivey..., qui ne chantent pas que le blues et gardent l'empreinte des scènes de théâtre et de vaudeville sur lesquelles elles se produisent, le blues trouve son terreau le plus fertile et ses musiciens essentiels dans les États du Sud, pauvres et paysans. Chanteurs polyvalents (songsters), attachés à la terre ou itinérants, ils lui donnent son expression musicale et thématique, la liant au lieu, au terroir et à l'environnement, climat économique, social et relationnel du comté ou de l'État qui imprime leur chant et installe entre eux ressemblance et différence.
Le delta du Mississippi passe pour le berceau du blues et produit une forme pure, puissante, lancinante et incantatoire dont le représentant dominant est Charley Patton, qu'entourent, tous guitaristes, Son House, spécialiste du bottleneck, Skip James, Bukka White, Big Joe Williams, Robert Johnson, devenu une légende, Mississippi John Hurt, Tommy Johnson... Sur la côte est, Blind Blake, « Blind » Willie McTell, Barbecue Bob, le révérend « Blind » Gary Davis, Blind Boy Fuller, l'harmoniciste Sonny Terry..., instrumentistes souvent brillants, sont à l'articulation entre le jazz, la musique populaire blanche, le ragtime et le blues, qui, au Texas, couvre un champ plus vaste et plus varié. En témoignent les enregistrements de Blind Lemon Jefferson, le plus célèbre, du rugueux Henry Thomas et de Lead Belly, plutôt des songsters, de Ramblin' Thomas, « Funny Papa » Smith et Texas Alexander.
Memphis (Tennessee) est la première ville à donner son nom au blues, bien qu'elle rassemble des musiques aussi différentes que celles de Frank Stokes, du Memphis Jug Band (représentant une forme orchestrale, avec banjo, violon, mandoline, cruchon, kazoo et washboard, très répandue dans le Sud dans les années 1920), de Memphis Minnie, bientôt à Chicago et une des rares femmes de cet ensemble, de Walter « Furry » Lewis et de Sleepy John Estes. Les pianistes prédominent à Saint Louis (Missouri) : Roosevelt Sykes, Peetie Wheatstraw, Walter Davis, auxquels on associe Leroy Carr, d'Indianapolis, dont le duo avec le guitariste Francis « Scrapper » Blackwell créera un style.
Chicago, enfin. En deux temps, avant et après la Seconde Guerre mondiale, elle va prendre dans l'histoire du blues une place centrale. Ville industrielle, créatrice d'emplois, elle attire très tôt les Noirs du Sud à la recherche de travail et de liberté raciale, et des bluesmen, comme Thomas A. Dorsey (alias Georgia Tom), un des fondateurs du gospel, et Tampa Red, viennent dès 1928 y enregistrer, s'y produire et s'y installer, provisoirement ou définitivement. Là, tandis que le blues change, solistes qui s'adjoignent une section rythmique, thèmes qui traduisent l'urbanisation noire et répondent aux nouvelles conditions de vie des musiciens et de leur public, blues qui recroise le jazz et les musiques blanches, production qui s'organise (chasseurs de talent, responsables – J. Mayo Williams, noir,[...]
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Écrit par
- Francis HOFSTEIN : psychanalyste, critique de jazz, écrivain
Classification
Médias
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