FOSSE BOB (1927-1987)
Un cinéaste du corps
Danseur avant tout, Bob Fosse s'est intéressé aux corps, à leur plastique et à leur exposition. Ne se contentant pas de leur présentation esthétique, il les a mis en scène pour souligner la déperdition d'énergie, les incluant dans une société considérée de manière critique. Tous ses personnages sont prisonniers de leur propre drame. Leurs danses ou leurs chansons ne peuvent qu'exprimer des états d'âme désespérés, des ambitions déçues et des névroses.
Déjà, à Broadway, ses spectacles conféraient une dimension tragique au genre musical. Les protagonistes s'y débattaient, même en dansant, en proie à leurs pulsions émotionnelles, rejetant les tabous et les apparences sociales. Leurs corps vibraient selon leurs angoisses existentielles. À Hollywood, il n'a montré que des personnages marginaux : une prostituée dans Sweet Charity, une chanteuse interlope dans Cabaret, un fantaisiste drogué dans Lenny, un homme de spectacle suicidaire (lui-même) dans All That Jazz, ou encore un jeune couple où chacun est victime et bourreau l'un de l'autre dans le commerce du sexe et du luxe (Star 80).
À la scène comme à l'écran, Bob Fosse s'interrogeait sur l'extase procurée par la musique, la danse ou le sexe, en la confrontant à la société et aux cruautés du réel. En fin de compte, il analysait les corps comme un langage en proie aux vénalités.
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Écrit par
- Noël SIMSOLO : cinéaste, historien de cinéma
Classification
Média