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BOIS DE BOUT, gravure

Après avoir connu de grandes heures dans les débuts du livre illustré, la gravure sur bois n'a survécu aux xviie et xviiie siècles qu'à titre ornemental dans le texte. Elle était réservée aux fleurons, bandeaux et culs-de-lampe, tandis que la gravure sur métal, plus noble, dominait pour les planches d'illustration proprement dite, présentées en hors-texte ; le bois gravé était presque tombé en désuétude au début du xixe siècle en France : il continuait à être pratiqué en province dans les milieux de graveurs-imagiers et dans les centres cartiers (où l'on fabriquait les cartes à jouer), où il était réservé aux éditions de colportage et aux « bilboquets » des imprimeurs de ville (petits travaux divers, étiquettes et en-têtes commerciaux).

Cependant, en Angleterre, dans le dernier quart du xviiie siècle, un graveur de Newcastle, Thomas Bewick, avait favorisé l'essor d'une nouvelle technique, la gravure sur bois de bout : la plaque de buis était découpée perpendiculairement aux fibres du bois et gravée au burin. Tout le « renouveau » du bois gravé au xixe siècle est parti de là, puisque désormais la technique xylographique — la seule à l'époque qui permettait de faire le tirage à la fois du texte et de l'image, parce qu'elle était comme lui gravée en relief — pouvait s'améliorer grâce à l'emploi de bois durs, d'un grain fin, et ainsi donner des résultats aussi satisfaisants que la gravure sur métal. Deux améliorations techniques ont permis de parfaire les résultats : le polytypage (début du xixe s.) et le cliché (années 1820), transfert du motif sur une matrice en plomb ; ainsi étaient obtenus des tirages plus importants, et les vignettes, mises en vente par le fondeur ou par l'atelier de gravure, devenaient aisément susceptibles de réemploi. La mise en train — procédé mis au point en 1838 par le compagnon-imprimeur Aristide (La Gravure sur bois en France au XIXe siècle, Gusman, éd. Albert Morancé, Paris, 1929) —, qui consistait à caler, au moyen de « hausses » et de « découpages », le bois à des hauteurs différentes, suivant la qualité des plans souhaités, permettait d'obtenir des tirages où les noirs et les parties claires étaient mieux différenciés.

Bien que certaines gravures aient pu être tirées pendant plus d'un demi-siècle, la chronologie de la gravure sur bois romantique, dont la monarchie de Juillet marque l'apogée, est scandée d'étapes bien distinctes. Pendant les trente premières années du siècle, on assiste à une phase d'expérimentation, encouragée par les pouvoirs publics, soucieux de concurrencer la production anglaise et de favoriser une industrie nationale liée à l'essor de la presse et de l'édition : en 1805, en 1808 et en 1810, la Société d'encouragement pour l'industrie nationale organise un concours de gravure sur bois, dont le lauréat est, en 1805 et 1810, Duplat. Bougon, de Beauvais, concourt sans succès, mais réalise en 1809 la première gravure française sur bois de bout au burin, une vignette représentant le jardin d'Ermenonville. Les années 1828-1835 correspondent à une première période, caractérisée par la vignette de titre unique, qui sert d'emblème aux nouveautés et vient illustrer d'une image où domine l'intensité dramatique, le caractère sentimental ou un contenu fantasmagorique les romans à la mode du jour. À partir de 1833, dans les magasins (que nous appellerions aujourd'hui « magazines »), et de 1835, dans le livre, débute la période de l'illustration plurielle, où les vignettes, à raison de plusieurs centaines par volume, interviennent à tout moment et en tout lieu de l'espace typographique. Dès 1830, L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux, de Nodier, illustrée de cinquante[...]

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Écrit par

  • : professeur des universités, membre de l'I.U.F., professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-ouest Nanterre-La Défense

Classification

Autres références

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