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BOISGUILBERT ou BOISGUILLEBERT PIERRE LE PESANT sieur de (1646-1714)

Issu d'une famille d'officiers de la Chambre des comptes, Boisguillebert fut très influencé par des études faites chez les Jansénistes et en conserva une grande indépendance d'esprit. Après un passage à la faculté de droit, il devint avocat, puis magistrat ; il fut nommé vicomte de Montivilliers, c'est-à-dire prévôt, puis lieutenant général du bailliage de Rouen en 1690. Il passa son temps en luttes incessantes contre les corps constitués de la province. Ses écrits jugés subversifs le font exiler en 1707. Réintégré, il retrouvera ses charges qu'il laissera à son fils avant de mourir. En 1695-1696, il avait publié Détail de la France, commencé près de vingt ans plus tôt. 1707 est une année fertile qui vit paraître un Traité sur la nature des richesses de l'argent et des tributs, Les causes de la rareté de l'argent, Le Factum de la France et le Supplément au factum. Ces deux derniers ouvrages dirigés contre Michel Chamillart lui valurent son exil.

Précurseur de l'économie politique, il s'oppose avec la dernière énergie au mercantilisme. Pour lui, l'or et l'argent doivent être considérés comme de simples agents d'échange : « L'argent n'est rien moins que le principe, mais seulement le garant de ces échanges et de la fidèle exécution de l'intention des contractants quand elle ne se peut exécuter immédiatement. » Il distingue les richesses nécessaires (les fruits de la terre) et les autres qualifiées de superflues. Précurseur des physiocrates et notamment de Quesnay pour qui la terre est la base de l'économie, il prône la libre concurrence, déclarant que le commerce intérieur est entravé par les impôts indirects (douanes, aides) « quatre fois plus forts que les marchandises n'en peuvent porter ». La liberté d'entreprendre doit ramener la prospérité « et aussitôt, la nature agissant dans toute la liberté, toutes les denrées reprendront la vigueur que l'on a vue autrefois ». Il pense que la France s'appauvrit faute d'une population suffisamment nombreuse et réclame 100 millions d'habitants. Mais ce n'est pas l'unique cause de la crise économique de la fin du règne de Louis XIV. Il remarque que le prix du blé a baissé depuis trente ou quarante ans, que le fermier ne peut plus payer le bail à son propriétaire. Il recommande « les bons prix » des grains qui permettront de relancer l'expansion. La liberté d'exportation, à l'image de ce qui se passe en Angleterre et en Hollande, donnera un coup de fouet à l'agriculture française. La troisième cause réside dans la fiscalité. La terre en France est si mal cultivée qu'elle ne vaut plus rien du tout. À l'origine de cette situation, il veut voir l'arbitraire de la taille. Elle absorbe les capitaux que les paysans pourraient utiliser pour améliorer les cultures et défricher. Si ceux-ci cherchent à cultiver de nouvelles terres, la taille leur prend le tout, ce qui les dissuade. La première capitation ne le satisfait pas non plus, dans la mesure où elle est répartie en fonction de la dignité des personnes et non de leurs revenus. Il propose deux impôts pour remplacer la fiscalité directe et indirecte : l'un sur les feux, l'autre une dîme proportionnelle au revenu de la terre. Tout le monde y serait soumis, nobles comme ecclésiastiques, villes comme campagnes. Le roi recevrait dans ses caisses le double de ce qu'il obtient. Ceux qui cultivent, libérés, reprendraient espoir ; le commerce deviendrait florissant grâce à la prospérité retrouvée. Par le même geste réformateur, il faudrait supprimer les offices, les traitants, partisans et fermiers généraux, intermédiaires qui coûtent trop cher à l'État comme aux particuliers. Pour essayer de faire appliquer ses idées, il est entré en correspondance avec les contrôleurs[...]

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  • ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Les grands courants

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    ...l'Encyclopédie : « Fermiers », « Grains », « Hommes », « Impôts » ; 1766, Analyse de la formule arithmétique du Tableau économique), médecin du roi. Influencés par l'analyse du marché de Pierre de Boisguillebert (1695, Le Détail de la France ; 1707, Factum de la France) et l'analyse du circuit...
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