BOISMORTIER JOSEPH BODIN DE (1691-1755)
Musicien et théoricien français, à qui l'on doit le premier concerto français de soliste écrit pour basson (1729). Boismortier naquit à Thionville, séjourna à Nancy et à Lunéville entre 1709 et 1715 ; peut-être put-il y rencontrer Henry Desmarets (1661-1741) ? Vers 1715, et au moins jusqu'en 1722, il séjourna à Perpignan, où il se maria en 1720. En 1724, en tout cas, il était à Paris et il commença à publier sa musique (des Sonates pour deux flûtes traversières et pour une flûte et continuo). Il mourut à Roissy-en-Brie.
Ses compositions comprennent avant tout de la musique instrumentale, où la flûte tient un rôle dominant ; citons des Sonates en trio pour trois flûtes (1725), six Concerts pour cinq flûtes traversières sans basse (1727) — œuvre qui précède d'environ sept années les concertos à quatre violons de J. Aubert, premiers du genre (c'est dire l'importance, en France, à cette époque, des œuvres pour instruments à vent) ; de nombreux duos et trios ; des Pièces de viole (1730) ; deux livres de Six Gentillesses en trois parties pour la musette, la vièle et la basse (1731 et 1733) ; deux Sérénades ou Symphonies françoises à deux flûtes et continuo, op. 39 ; Divertissement de campagne pour une musette ou vièle seule avec basse (1734) ; Quatre Suites de pièces pour le clavecin (1736).
Dans ces œuvres, Boismortier « attache beaucoup d'intérêt à ses mouvements lents, se contente le plus souvent d'en assurer la ponctuation par le jeu des cadences aux tons relatifs, laissant à la mélodie son entière liberté sans l'astreindre à un développement, à une symétrie, à des redites » (J.-F. Paillard) ; cela est particulièrement sensible dans le concerto en trois mouvements : vif-lent-vif, mais aussi dans ses sonates, de style typiquement français, où l'influence italienne se manifeste uniquement par le fait qu'il y introduit la forme encore nouvelle du concerto italien en trois parties. Il faut noter encore sa retenue dans la ligne mélodique (dans l'arabesque), et le fait qu'il construit parfois plusieurs mouvements sur un même thème dont seule varie la présentation rythmique (c'est du « cyclisme » avant la lettre). De ses compositions vocales, on citera les Motets à voix seule avec symphonie (1728), du genre petit motet ; les Recueils d'airs à boire et sérieux (1727) ; plusieurs cantates profanes pour soliste, Le Printemps (1724), L'Été, L'Automne, L'Hiver, Les Titans (1726), Actéon (1732), Ixion (1733), Le Buveur dompté (1740). Enfin, il écrivit trois opéras-ballets, Les Voyages de l'Amour (1736), Don Quichotte chez la duchesse (1743) et Daphnis et Chloé (1747), toujours dans un style élégant, volontiers élégiaque. Son apport à la théorie musicale est exprimé dans son ouvrage Quinque sur l'octave ou Espèce de dictionnaire harmonique (1734).
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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