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BIERUT BOŁESŁAW (1892-1956)

Né dans un village proche de Lublin dans la partie de la Pologne rattachée à la Russie, Bierut prend part à une grève d'écoliers dirigée contre les occupants et il est chassé de l'établissement. Après avoir exercé divers métiers, il devient imprimeur, milite dans des associations coopératives, mais aussi dans un cercle révolutionnaire clandestin, l'Avenir.

Lorsque éclate la guerre de 1914, il se cache. Considéré comme déserteur il est recherché par la police tsariste puis par la gendarmerie autrichienne qui traque les agitateurs. Après les hostilités, il a maille à partir avec les autorités polonaises. En 1923, il est condamné à six mois de prison pour une étude jugée subversive qu'il a consacrée au mouvement coopérateur. Devenu communiste, il s'expatrie en 1927 mais rentre en Pologne en 1932 ; il est condamné l'année suivante à sept ans de prison pour propagande communiste.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il réussit à regagner Lublin, puis, aussitôt après l'écrasement de la Pologne, il se fixe en U.R.S.S. Il prend la citoyenneté soviétique et devient chef du département polonais du Komintern. Il garde le contact avec les communistes qui sont restés dans son pays. En 1943, muni de faux papiers, il rentre en Pologne. Le 1er janvier 1944, il crée avec ses camarades le Conseil national de l'intérieur dont il est nommé président. Le 31 décembre suivant, ce conseil constitue un Comité polonais de libération nationale qui se fixe à Lublin et se transforme en un gouvernement provisoire de la république de Pologne, dont Bierut est élu président.

Il mène alors de délicates négociations avec les membres du gouvernement polonais en exil à Londres. Avec l'appui des Soviétiques, il arrache un compromis qui est très favorable aux communistes. Les membres du gouvernement de Londres vont participer au gouvernement unifié, mais ils seront très vite réduits à l'impuissance.

Le 4 février 1947, Bołesław Bierut est élu président de la république de Pologne. L'année suivante, les efforts du secrétaire général du Parti ouvrier unifié (communiste), Władisław Gomułka, pour maintenir une ligne autonome par rapport à celle du P.C.U.S. (Parti communiste de l'Union soviétique), provoquent une crise à la direction du parti. Finalement, avec l'appui des Soviétiques, Bierut l'emporte et remplace Gomułka en septembre 1948 comme secrétaire général du parti. Sous sa direction, la Pologne connaît un régime stalinien, marqué par la répression à l'égard de tout opposant, qu'il soit adversaire du socialisme ou non. En novembre 1952 le poste de président de la République est supprimé ; c'est un collège, le Conseil d'État, qui exerce la magistrature suprême. Bierut devient alors chef du gouvernement tout en restant secrétaire général du parti.

Après la mort de Staline, les dirigeants soviétiques décident de distinguer les fonctions de chef du gouvernement et de chef du parti. Peu à peu les démocraties populaires suivent cet exemple. Bierut, le 19 mars 1954, renonce à la direction du gouvernement, qui est confiée à Cyrankiewicz, et il se consacre entièrement à la direction du parti. Il meurt à Moscou alors qu'il dirigeait la délégation polonaise au XXe congrès du P.C.U.S.

— Bernard FÉRON

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Écrit par

  • : chef adjoint du service étranger du journal Le Monde

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    Bierut, par contre, au pouvoir entre 1949 et 1956, entièrement soumis à Staline et ex-« apparatschik » prosoviétique, devait faire intensifier des contraintes économiques et culturelles de toutes sortes et la terreur policière. Présent à Moscou au moment du XXe congrès du Parti soviétique...