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BOMBE ATOMIQUE (A. Warhol)

Dans la série des innombrables morts et désastres qui envahissent l'œuvre d'Andy Warhol (1928-1987) au début des années 1960, l'unique Bombe atomique (collection Saatchi, Londres), réalisée en 1965, occupe une place particulière. Son traitement, cependant, ne diffère en rien de celui par lequel Warhol traite l'ensemble de ses sujets. Sur un fond rouge éclatant, l'image de l'explosion est répétée jusqu'à la nausée pour le spectateur sur toute la surface de la toile. Si l'on suit le sens de lecture occidental, la définition de la sérigraphie de la bombe atomique s'amenuise progressivement, et Warhol profite de l'accumulation de l'encre sur l'écran sérigraphique pour souligner la désintégration du champignon atomique. Jamais, sans doute, le procédé sérigraphique employé par Warhol n'a été si proche de son sujet. Vingt ans exactement après Hiroshima, tandis que la guerre froide persiste, l'évocation de la mort massive, globale et définitive de l'humanité était en mesure de terroriser les esprits. Warhol, toutefois, l'intègre au flot d'événements strictement contemporains – qu'ils soient exceptionnels (l'assassinat de Kennedy) ou banals (le suicide d'une actrice) – qui font le quotidien de son temps. « Quand vous voyez une image violente sans arrêt », se plaisait-il à déclarer, « elle ne fait plus vraiment aucun effet ». Si elle ne peut être qu'un unique événement, l'autodestruction de l'humanité n'en est ainsi pas moins réduite à ce qu'elle est : une banalité tragique de plus vis-à-vis de laquelle le monde est insensibilisé.

— Hervé VANEL

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)

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