BONAPARTE JÉRÔME (1784-1860) roi de Westphalie (1807-1813)
Orphelin de père à un an, Jérôme entre dans la marine après le 18-Brumaire et prend part à l'expédition de Saint-Domingue ; pour échapper aux croisières anglaises, il se réfugie en Amérique et y épouse la fille d'un négociant de Baltimore sans demander le consentement des siens ; il n'est donc pas compris dans les princes de l'Empire en 1804 ; mais Jérôme ne ressemble guère à Lucien ; il consent assez vite à répudier sa femme pour rentrer en grâce et se retrouver gendre du roi de Wurtemberg, et roi lui-même. Il ne se prend pas pour un monarque de droit divin comme Joseph ; il ne se croit pas appelé à rendre ses sujets heureux comme Louis ; cette tête folle et frivole marque un grand bon sens en ne prenant jamais trop au sérieux sa sinécure royale ; il se contente de jouir des femmes et du luxe, en laissant les généraux et les ministres que lui octroie son impérial frère combattre fort bien et gouverner assez bien en son nom. En 1812, il aura une bouffée d'orgueil malencontreuse et préférera quitter son commandement en Russie plutôt que de se voir placer sous les ordres de Davout qui n'est que prince. Mais en 1815, à la tête d'une simple division, il se battra fort bravement à Waterloo, où il sera blessé. Après avoir vécu en divers pays sous le nom de prince de Montfort, il est autorisé, à l'issue d'un débat parlementaire, à revenir en France en 1847, puis assiste assez flegmatiquement à l'ascension de son neveu — et en profite ; gouverneur des Invalides et bientôt président du Sénat, il est le seul des huit Bonaparte de la grande génération à rendre le dernier soupir sur le sol français, au soir d'une vieillesse paisible et comblée.
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Écrit par
- Jean MASSIN : écrivain
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