BONGO ALBERT BERNARD puis OMAR (1935-2009)
Albert Bernard Bongo, président de la République gabonaise de 1967 à 2009, est mort à Barcelone le 8 juin 2009. Depuis le retrait de Fidel Castro en février 2008, il était le dirigeant en exercice le plus ancien de la planète. Né à Lewai, dans le Haut-Ogooué en 1935, il débute comme fonctionnaire des postes à Brazzaville. Après son service militaire, il est affecté au ministère des Affaires étrangères et, en 1962, devient directeur adjoint du cabinet du président Mba. Après la tentative de coup d'État de 1964, il occupe une place grandissante auprès du président en tant que chef de cabinet. Il cumule divers postes, dont celui de ministre de la Défense. Afin de préparer la succession de Léon Mba déclinant, il est nommé vice-président de la République et assure constitutionnellement la succession du chef de l'État en novembre 1967, après la mort de ce dernier. Les pressions de la France, et en particulier l'action de l'ambassadeur Maurice Delauney, ont été déterminantes dans cette ascension.
En 1968, il lance l'ère de la « rénovation » et officialise le parti unique en créant son mouvement, le P.D.G. (Parti démocratique gabonais). Il développe alors un discours unitaire qui a pour fonction d'habiller ce que les Gabonais nomment la « géopolitique », c'est-à-dire une politique de redistribution fondée sur des considérations ethnico-régionales. L'opposition est réprimée à travers des procès politiques et certains des opposants les plus en vue sont assassinés, tel Germain Mba en 1971. Le contrôle total du pays est rendu possible par la présence d'un contingent militaire français. Déjà, le président Bongo apparaît comme un acteur régional, en soutenant, comme la France, la sécession biafraise.
En 1973, Bongo se convertit à l'islam et devient Omar. La même année, le Gabon adhère à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.). Le pays développe sa production, particulièrement sous l'action de la société Elf-Aquitaine qui est son principal opérateur. À la tête d'un État désormais très riche, Bongo continue de gouverner de manière autoritaire, mais avec des possibilités nouvelles de redistribution, voire de corruption, qui s'étendent au-delà de la société gabonaise. Il peut par exemple intervenir dans le financement occulte des partis politiques français, inversant partiellement la dépendance dans laquelle l'ancienne métropole a maintenu son pays.
En 1981, l'arrivée au pouvoir de la gauche en France s'accompagne d'un retour de l'effervescence politique au Gabon. L'opposition en exil s'organise en parti pour demander, depuis Paris, la démocratisation du régime. La baisse des revenus pétroliers, à partir de 1986, contribue à alourdir le climat social. Face à la montée de la contestation, qui redouble en 1990, Omar Bongo adopte une attitude habile, consistant à accepter sans attendre la tenue d'une conférence nationale réclamée par l'opposition. Toutefois, il contrôle l'ensemble du processus et parvient à empêcher la conférence de se proclamer souveraine. Parmi les mesures de libéralisation décidées, le multipartisme est autorisé. Cependant, à la suite du décès d'un leader de l'opposition, en mai 1990, des émeutes éclatent à Libreville et surtout à Port-Gentil, la capitale pétrolière. Une intervention de l'armée française permet à Omar Bongo de conserver le pouvoir. Son parti obtient de justesse la majorité lors des élections d'octobre 1990. De nouveaux troubles éclatent en décembre 1993, après sa victoire obtenue dès le premier tour de l'élection présidentielle dans des conditions opaques. En 1998 comme en 2005, les conditions de la réélection d'Omar Bongo Ondimba (patronyme de son père ajouté en 2003) donnent également lieu à des critiques. Cependant, il importe de noter que, si la[...]
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Écrit par
- Patrick QUANTIN : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Centre d'étude d'Afrique noire, Bordeaux
Classification
Autres références
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GABON
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Nicolas METEGUE N'NAH et Roland POURTIER
- 7 872 mots
- 4 médias
...lendemain, l'armée française intervint et rétablit Léon Mba dans ses fonctions. Secoué par le coup d'État et miné par la maladie, ce dernier mourut le 28 novembre 1967. Comme le stipulait la Constitution, révisée à dessein le 17 février 1967, le vice-présidentBongo lui succéda le 2 décembre 1967.