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BONIFACE VIII (1235-1303)

Le politique

C'est dans ce contexte religieux qu'il faut observer et juger la politique de Boniface, ce qui n'en réduit certes ni la violence ni l'échec. Elle se développe dans les divers secteurs, non sans référence à l'Évangile, tantôt dans l'imbroglio des fiefs disputés, comme ce fut le cas avec le comté de Foix, tantôt pour promouvoir la paix, comme dans le conflit franco-anglais, tantôt pour revendiquer l'indépendance des revenus de l'Église contre les prétentions des princes à lever des taxes pour financer leurs entreprises belliqueuses. C'est en France, face à Philippe le Bel, que l'impact de cette politique fut le plus rude. Aussi bien, par-delà les personnes en conflit, la situation était-elle provocante, car, plus que les communes italiennes ou les prétentions impériales, c'est la royauté française qui annonçait l'émancipation et l'autonomie des pouvoirs politiques.

On n'a pu restituer que difficilement le détail des événements et de la controverse, les motivations immédiates et fluctuantes des nombreux textes pontificaux, le rôle des individus, la part personnelle du roi et celle de ses légistes conseillers, l'authenticité des pamphlets qui circulaient, les discussions des théologiens, les uns favorables au pape, les autres au roi, tel l'éminent Jean de Paris, maître à l'université de Paris. En tout cas, le roi était passé du terrain politique à une critique religieuse, incriminant le pape calomnieusement dans ses mœurs, dans sa légitimité, dans sa foi. La mission elle-même de Nogaret (1303), envoyé en Italie pour mener à bonne fin l'appel royal à un concile général pour juger le pape, est liée à des épisodes obscurs et déconcertants, dans les complicités exploitées sur place, jusque dans l'entourage du pontife et dans les rivalités des factions de la cour romaine. L'« attentat » d' Anagni, même dépouillé des images des doctrinaires et des romantiques, fut d'une extrême gravité. Le pape, miné par la maladie et les émotions, devait mourir quelques jours après (oct. 1303). Son successeur Benoît XI, l'un de ses fidèles cependant, tout en condamnant l'opération d'Anagni, annula les sentences de Boniface et prit langue avec le roi.

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Boniface VIII - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Boniface VIII

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