BONNETS & CHAPEAUX
Nom de deux tendances politiques suédoises qui se disputèrent la majorité au Riksdag, devenu le détenteur du pouvoir politique durant l'« ère de la liberté » (Frihetstid). Au cours de cette période qui s'étend de la mort de Charles XII (1718) au coup d'État de Gustave III (1772), l'absolutisme est remplacé, particulièrement après le Riksdag de 1738, par un régime parlementaire comparable aussi bien dans ses aspects positifs (reconnaissance de la liberté de la presse en 1766) que négatifs (vénalité, concussion) au système anglais en vigueur à la même époque. Le nom de ces tendances viendrait d'une boutade du roi Frédéric Ier qui aurait comparé Arvid Horn et ses amis, à la tête du pays jusqu'en 1739, à des bonnets de nuit (nattmæsor) en raison de leur politique étrangère pacifique contrastant avec les intentions belliqueuses de leurs adversaires, affublés inversement du nom de chapeaux, qui voulaient reprendre à la Russie les territoires perdus au traité de Nystad (1721). Si les deux tendances, au demeurant prêtes à se vendre aux puissances étrangères les plus offrantes, s'affrontèrent de manière spectaculaire sur la politique extérieure à adopter pour la Suède, elles changèrent de clientèle au fil des années. Les bonnets devinrent, à la fin de la période, les champions des ordres non privilégiés qui supportaient de plus en plus mal les avantages dont jouissait la noblesse. Les chapeaux, qui demeurèrent au pouvoir de 1739 à 1765 et dont la personnalité la plus marquante fut Carl Gustav Tessin, connurent des échecs aussi bien dans la guerre de revanche qu'ils menèrent contre la Russie en 1740 que dans la politique mercantiliste qu'ils appliquèrent sans discernement, notamment en matière de manufactures ; sur le plan monétaire, ils laissèrent se développer une inflation aggravée encore par la crise européenne de 1763. La confusion qui régna sur le plan politique après 1765, l'existence d'un parti royaliste de plus en plus influent, la lassitude et l'indignation de la population devant les excès du parlementarisme, l'inquiétude de la noblesse de voir ses privilèges remis en question, l'argent français enfin favorisèrent pour un temps le retour à l'absolutisme.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean Maurice BIZIÈRE : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur d'histoire moderne à l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble
Classification
Autres références
-
FINLANDE
- Écrit par Régis BOYER , Maurice CARREZ , Encyclopædia Universalis , Lucien MUSSET et Yvette VEYRET-MEKDJIAN
- 22 487 mots
- 15 médias
...règles de la nouvelle Constitution de 1720, qui donnait au Riksdag la réalité du pouvoir. S'ouvrit ainsi l'« ère de la liberté », où s'affrontèrent au sommet de l'État deux factions rivales, les « Bonnets », partisans de rapports amicaux avec la Russie, d'un certain accroissement... -
GUSTAVE III (1746-1792) roi de Suède (1771-1792)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 592 mots
-
SUÈDE
- Écrit par Régis BOYER , Michel CABOURET , Maurice CARREZ , Georges CHABOT , Encyclopædia Universalis , Jean-Claude MAITROT , Jean-Pierre MOUSSON-LESTANG , Lucien MUSSET , Claude NORDMANN et Jean PARENT
- 35 770 mots
- 19 médias
...Conseil d'État. De 1718 à 1772, le pays fut dominé par des factions qui s'organisèrent peu à peu en partis dirigés par l'aristocratie, les Bonnets inféodés à la Grande-Bretagne et à la Russie, les Chapeaux à la France. Ces derniers, soudoyés par Versailles, entraînèrent la Suède dans les guerres...