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CHRISTOFF BORIS (1914-1993)

Le prénom et la taille colossale de Boris Christoff le prédestinaient à incarner le rôle-titre de Boris Godounov de Moussorgski, qu'il a marqué de son empreinte, en digne successeur de Chaliapine.

Boris Kirilov, dit Christoff, naît à Plovdiv, en Bulgarie, le 18 mai 1914, et est élevé dans la tradition de l'art choral slave. Son père est soliste dans le chœur de sa paroisse ; lui-même chante dans le chœur Gusla de Sofia. Il s'oriente néanmoins vers une carrière juridique, obtient son diplôme de docteur en droit et est nommé juge au tribunal de Sofia lorsque le roi Boris III de Bulgarie remarque ses étonnantes facilités vocales, à l'occasion de la fête nationale, en 1942. Il obtient une bourse pour aller étudier en Italie avec Riccardo Stracciari. En 1943, il revient dans son pays puis va travailler avec Muratti à Salzbourg. Emprisonné à la frontière austro-suisse, il constitue une chorale avec des réfugiés russes. Il fait ses débuts en 1945, en concert, à Rome. Il chante le Requiem allemand de Brahms à la Scala de Milan et débute à l'opéra dans le rôle de Colline (La Bohème) au Teatro Argentino de Rome (1946). Puis il chante Pimène (Boris Godounov) à la Scala (1947). Dès 1948, il adopte le rôle de Boris (à Cagliari), qu'il chante à Covent Garden en 1949. La même année, il débute au festival de Salzbourg. En 1950, il est engagé au Metropolitan Opera de New York pour chanter Philippe II (Don Carlos) ; mais il n'obtient pas son visa et doit attendre 1956 pour débuter sur le sol américain, à San Francisco, dans Boris. Il ne se produira au Met qu'en 1980, en concert. Entre-temps, il chante au Mai musical florentin Les Vêpres siciliennes et participe à la première représentation moderne de l'Orfeo de Haydn au côté de Maria Callas (1951) ; il se produit également à l'Opéra de Paris (Boris en 1953, Philippe II en 1967), aux Arènes de Vérone... Entre 1957 et 1963, il apparaît régulièrement au Lyric Opera de Chicago, entre 1958 et 1974 à Covent Garden. En dehors de Boris, ses principaux rôles — une quarantaine au total, dans six langues différentes — sont le Méphisto du Faust de Gounod, Rocco (Fidelio), Dosifeï (La Khovanchtchina), Kontchak (Le Prince Igor), Ivan Soussanine (La Vie pour le tsar), Gurnemanz (Parsifal), le roi Marke (Tristan et Isolde), Philippe II et les grandes basses verdiennes (Fiesco de Simon Boccanegra, Procida des Vêpres siciliennes, Attila). Il chante également le Requiem de Verdi, la Neuvième Symphonie de Beethoven ou la musique liturgique slave dans le monde entier ; il révèle en outre les mélodies de Moussorgski, dont il réalise un enregistrement intégral qui fait date (entre 1951 et 1957). Doté d'une étonnante longévité vocale, il continue à chanter jusqu'à la fin des années 1980. Établi en Italie, où il avait épousé la sœur du baryton Tito Gobbi, il meurt à Rome, le 28 juin 1993.

Boris Christoff - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Boris Christoff

Boris Christoff possédait une voix naturelle de basse chantante aux accents saisissants et un sens dramatique qui lui ont permis de trouver une nouvelle approche du répertoire de sa tessiture. Sans rompre avec la tradition instaurée par Chaliapine, il a su en effacer les excès pour revenir à une lecture plus exacte des textes, sans négliger pour autant l'aspect scénique : son jeu véhément et tourmenté est toujours resté dans le cadre d'une rigueur musicale qui s'est prolongée chez d'autres grandes basses bulgares, comme Nicolaï Ghiaurov ou Nicolas Ghiuselev.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Média

Boris Christoff - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

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