BORIS GODOUNOV (M. P. Moussorgski)
Créé au théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg le 27 janvier (ancien style) / 8 février (nouveau style) 1874, Boris Godounov – opéra en un prologue et quatre actes sur un livret du compositeur d'après le drame historique d'Alexandre Pouchkine – confère ses lettres de noblesse à la représentation du peuple sur une scène d'opéra. Plus encore que Boris, le tsar infanticide qui se meurt rongé par le remords et les hallucinations, le protagoniste est le chœur, véritable porte-parole du peuple de Russie. La censure a d'ailleurs bien senti le caractère subversif et anti-tsariste du livret et a refusé la version originale de 1869, en sept scènes, obligeant Moussorgski à en modifier certains aspects dans une nouvelle mouture écrite en 1871 et 1872. Il existe donc deux versions de l'œuvre, auxquelles il faut ajouter les réorchestrations de Rimski-Korsakov (1896), Mikhaïl Mikhaïlovitch Ippolitov-Ivanov (1927) et Chostakovitch (1940), tous soucieux d'« enjoliver » l'art brut de Moussorgski, peut-être maladroit mais si expressif dans son âpreté primitive. Quant à son art de la prosodie, il ne sera pas sans répercussion sur les compositeurs qui chercheront à rapprocher la musique de la parole, comme Debussy ou Janáček.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christian MERLIN : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III-Charles-de-Gaulle, critique musical
Classification
Média