BOROBUḌUR ou BARABUDUR
L'architecture et la sculpture
Le Borobudur est construit sur une colline située à proximité du confluent de deux rivières, l'Elo et le Progo, sans doute pour évoquer le confluent saint, entre tous, du Gange et de la Yamuna. Le site a été entièrement aménagé par des travaux de terrassement considérables : il a fallu équarrir le sommet qui était ellipsoïdal et aplanir le plateau sur lequel se dresse le monument proprement dit. Les flancs de la colline eux-mêmes ont été transformés ; sur les quatre axes, un grand escalier a été édifié, coupant des gradins de terre battue que l'on avait commencé à parmenter sur la face est. Mais cela n'est que la part à peu près achevée de l'aménagement. Il est probable que le premier maître d'œuvre avait pensé entourer le site d'eau ; pour cela on a entrepris de détourner un ruisseau pour alimenter une douve qui n'a jamais été creusée – c'est en partie avec la terre provenant de l'excavation du canal qui aurait amené l'eau que l'on a fait des remblais sur la colline.
Au-dessus de son soubassement, le Borobudur comprend quatre galeries constituées des gradins de la pyramide, fermées vers l'extérieur par une balustrade. Ces éléments sont pour la plupart ornés de reliefs. Ceux du soubassement qui sont aujourd'hui cachés illustrent le Karmawibhangga, texte décrivant la rémunération des actions ; la plupart des panneaux sont divisés en deux parties : d'un côté les actes, de l'autre la sanction. Les reliefs ornant la première galerie décrivent sur la balustrade et le registre inférieur du mur les vies antérieures du Buddha historique. Sur le registre supérieur est illustré le Lalitavistara, récit de la vie du Buddha interrompu à l'épisode du sermon de Bénarès. Les quarante années que le Buddha a vécues après avoir prononcé ce sermon sont omises car elles ne comportent plus d'enseignements pour devenir un bodhisattva. Les implications du sermon sont indiquées par les reliefs des deuxième, troisième et quatrième galeries, illustrant le Gandavyuha, récit de la quête de la vérité par Sudhana, le fils d'un riche marchand. Ces reliefs ne sont pas toujours d'une grande fidélité au texte, en partie sous l'influence du contexte politique ; aussi peut-on remarquer une certaine insistance à souligner l'échec de l'ascèse sivaïte. Parfois il existe une certaine incompréhension du texte ou le désir de le rendre plus clair pour les Javanais qui ignoraient les réalités du monde indien ; ainsi le don de trois palais (le chiffre trois correspondant aux trois saisons de l'Inde alors qu'il y en a quatre à Java) que fait le père du Buddha à son fils, après son mariage, a été transformé en une scène amoureuse en trois épisodes : un coucher, une maison fermée et la toilette d'une jeune femme devant son époux.
Le couronnement est formé d'un plateau entouré d'une balustrade, sur lequel s'élèvent trois terrasses : les deux premières ont un plan carré dont les côtés seraient des courbes ; il ne s'agit pas d'une erreur d'implantation car les courbes sont symétriques, la troisième étant parfaitement circulaire. Chacune de ces dernières terrasses porte des stūpa, trente-deux sur la première, vingt-quatre sur la deuxième et seize sur la troisième ; au centre de cette dernière se dresse le stūpa terminal qui contenait vraisemblablement deux chambres vides. Les stūpa des deux gradins inférieurs ont des jours en forme de losange alors que ceux du gradin supérieur ont des jours en forme de carré qui, dans tous les cas, laissent voir une statue du cinquième Jina, Vairocana.
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Écrit par
- Jacques DUMARÇAY : membre honoraire de l'École française d'Extrême-Orient
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Média
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