BOSNIE-HERZÉGOVINE
Nom officiel | Bosnie-Herzégovine (BA) |
Chef de l'État | Denis Bećirović (depuis le 16 mars 2024). La présidence est confiée à un comité tripartite, où chacun des membres représente une des trois principales nationalités (bosniaque, croate, serbe) et assure la présidence durant huit mois. |
Autorité internationale | Christian Schmidt (depuis le 1er août 2021) |
Capitale | Sarajevo |
Langues officielles | Bosniaque, croate, serbe |
Unité monétaire | Mark convertible (BAM 2)
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Population (estim.) |
3 393 000 (2024) |
Superficie |
51 209 km²
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La Bosnie indépendante
La Bosnie-Herzégovine, issue de l'éclatement de la Yougoslavie, accède à l'indépendance, en mars 1992, dans la violence. Trois années de combats (d'avril 1992 à novembre 1995) ont détruit l'économie et totalement bousculé la démographie. Après la signature des accords de paix, dits accords de Dayton (14 décembre 1995), le pays a été placé sous l'égide d'un haut représentant de l'ONU, chargé de relancer un processus politique démocratique et pacifié. Force est de constater que les accords de paix, qui définissaient la Bosnie comme un pays unitaire mais composé de deux entités ayant chacune leur gouvernement, l'ont organisé de façon communautaire et n'ont pas permis pour le moment le fonctionnement de l'État.
Une indépendance durement acquise
Trois années de guerre à trois fronts (1992-1995)
De 1945 à 1990, la Bosnie-Herzégovine fut l'une des six républiques fédérées qui constituaient la République socialiste fédérative de Yougoslavie, chacune dotée d'un gouvernement propre. Les premières élections pluralistes de la Yougoslavie socialiste, décidées après le XIVe congrès de la Ligue des communistes yougoslaves, furent organisées au niveau des républiques. En Slovénie (avril 1990), en Croatie (mai 1990) et en Bosnie (décembre 1990), elles portèrent au pouvoir des partis dont les programmes étaient sinon l'indépendance, du moins une autonomie poussée pour les républiques. En revanche, en Macédoine (novembre 1990), en Serbie et au Monténégro (décembre 1990), les communistes conservèrent le pouvoir. Les premières, la Slovénie et la Croatie proclamèrent leur indépendance (25 juin 1991, confirmée par la Communauté économique européenne, CEE, le 15 janvier 1992). À son tour, et sur demande de la CEE, la Bosnie organisa un référendum, le 29 février 1992, sur son indépendance. Les habitants de nationalité serbe, qui représentaient alors 32 % de la population, refusèrent d'y participer et 63 % des suffrages furent exprimés en faveur de l'indépendance. Au lendemain des résultats, les heurts entre les communautés, qui avaient commencé cinq mois plus tôt, se sont intensifiés : les habitants de nationalité serbe, contre l'indépendance, s'opposent aux Musulmans (44 % de la population) et aux Croates (17 %), qui y sont favorables.
Les Serbes choisissent de prendre leur propre indépendance dans les zones où ils sont majoritaires ; au lendemain de la reconnaissance de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine par la CEE (6 avril 1992), ils proclamèrent l'indépendance de la République serbe de Bosnie, que la CEE refusa de reconnaître. Des milices serbes, soutenues par l'armée yougoslave devenue pro-serbe, lancent des attaques de grande ampleur contre les villes : Sarajevo et Gorazde dès avril 1992, l'ensemble des villes stratégiques en juillet. Sarajevo n'est plus alimentée que par un pont aérien du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), jusqu'à la fin de la guerre. D'abord alliés aux Musulmans, les Croates choisissent également de prendre leur indépendance avec la région où ils sont majoritaires, nommée Communauté croate d'Herceg-Bosna (3 juillet 1992), proclamée ensuite comme République croate d'Herceg-Bosna (24 août 1993). Ils sont soutenus par l'armée de Croatie et ouvrent un nouveau front, en avril 1993, contre les Musulmans. À cela s'ajoute, à la fin de 1993, des conflits entre Musulmans, dans la région de Bihac, dans le nord-ouest du pays, où Fikret Abdić proclame une province autonome de Bosnie occidentale (27 septembre 1993).
Les civils ont été les cibles des combats : les idéologies nationalistes œuvraient à séparer les trois nationalités. Or, dans un pays où le mélange était si fin, cette volonté d'homogénéisation ne pouvait s'opérer[...]
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Écrit par
- Emmanuelle CHAVENEAU : docteur en géographie
- Renaud DORLHIAC : membre associé de l'École des hautes études en sciences sociales, responsable Balkans à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie
- Nikola KOVAC : professeur de littérature à l'université de Sarajevo
- Noel R. MALCOLM : historien, professeur invité au St. Antony's College, université d'Oxford
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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BOSNIE-HERZÉGOVINE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
AUTRICHE
- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
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