BOSNIE-HERZÉGOVINE
Nom officiel | Bosnie-Herzégovine (BA) |
Chef de l'État | Denis Bećirović (depuis le 16 mars 2024). La présidence est confiée à un comité tripartite, où chacun des membres représente une des trois principales nationalités (bosniaque, croate, serbe) et assure la présidence durant huit mois. |
Autorité internationale | Christian Schmidt (depuis le 1er août 2021) |
Capitale | Sarajevo |
Langues officielles | Bosniaque, croate, serbe |
Unité monétaire | Mark convertible (BAM 2)
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Population (estim.) |
3 393 000 (2024) |
Superficie |
51 209 km²
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Littérature
La littérature de Bosnie-Herzégovine, née au carrefour historique et géographique des traditions orthodoxe, catholique, islamique et judaïque, constitue un ensemble multinational dont les composantes, avec toutes leurs spécificités, n'en sont pas moins l'expression d'un esprit commun et universel, qu'il soit yougoslave, balkanique ou européen. Un des exemples éclatants de cette communauté dans les différences est l'œuvre d'Ivo Andrić (Prix Nobel de littérature 1961), auteur à la fois serbe, croate, musulman et juif. Toutefois, au cours de leur évolution, les composantes s'appuient, sans s'y enfermer complètement, sur leurs propres traditions culturelles et religieuses. Qui plus est, il existe aussi des interférences des sujets, des motifs et des modèles de sensibilité à chaque époque, et même à l'intérieur des ouvrages de chaque auteur particulier. L'arrière-plan historique et spirituel est également constitué de trois courants différents : d'abord, la poésie d'inspiration religieuse (ilahi et kaside) et la littérature courtoise et de circonstance, écrite par les poètes résidant en Bosnie-Herzégovine mais s'exprimant en arabe, en turc (Nihâdi, Kâ'imî Baba, xviie s.) ou en persan (Sheikh Fewzi de Mostar, xviiie s.), y compris les Bosniaques parlant leur langue locale et utilisant les caractères arabes (littératurealhamiado) tels que M. Hewaî Uskufi (xvie s.), A. Il'hami de Žepče (xixe s.) ; ensuite, la poésie didactique et moralisatrice cultivée autour des couvents catholiques (M. Divković, I. F. Jukić, G. Martić), ainsi que les chroniques des frères franciscains rédigées en langue locale ou en latin ; enfin, la prose folklorique des mémorialistes serbes accompagnée d'un culte vivant de la tradition orale (J. Pamučina, S. Skenderova, P. Čokorilo, N. Dučić). Toute cette activité littéraire était pénétrée d'esprit légendaire, qui prenait corps sous forme d'épopée héroïque ou de chansons d'amour et ballades au ton lugubre (sevdalinke).
L'époque de la domination austro-hongroise, qui dura quarante ans (avec l'occupation de 1878 et l'annexion de 1908 à 1918), en dépit de toutes les menaces d'oppression visant les libertés nationales, marque un tournant dans le domaine des lettres en Bosnie-Herzégovine. La parution de périodiques modernes (Bosanskavila, Nada, Zora, Behar, avec des collaborateurs des autres pays slaves et les traductions des grands auteurs européens), la publication de livres et de journaux, la création de collectifs artistiques, les séjours prolongés d'écrivains et d'artistes bosniaques à l'étranger sont autant de signes d'une conception nouvelle de la littérature et d'une circulation naturelle des idées et des hommes.
La littérature de Bosnie-Herzégovine du début du xxe siècle est encore fortement marquée par les légendes populaires et le folklore. Mais certains auteurs préfèrent les sujets historiques ou psychologiques. En poésie, pourtant, le romantisme et le symbolisme européens resurgissent avec une force nouvelle, dans les poèmes lyriques et patriotiques d'A. Šantić (1868-1924), symboliques et réflexifs de J. Dučić (1871-1943), d'un lyrisme retenu et souvent mélancolique de M. Ć. Ćatić (1878-1915). S. S. Kranjčević (1865-1908), esprit tourmenté et renfermé, glorifie l'idéal panslave.
La prose, descriptive, consacrée aux problèmes de la vie sociale (S. Ćorović, 1875-1919) ou symbolique, pénétrée d'accents satyriques (P. Kočić, 1877-1916), a connu son plein épanouissement dans l'œuvre magistrale d'Ivo Andrić (1892-1975) ainsi que dans celle d'Isak Samokovlija (1889-1959), chroniqueur raffiné des Séfarades bosniaques, H. Kikić (1905-1941), M. Selimović (1910-1982), D. Sušić et Ć. Sijarić, ou encore celle de R. Trifković,[...]
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Écrit par
- Emmanuelle CHAVENEAU : docteur en géographie
- Renaud DORLHIAC : membre associé de l'École des hautes études en sciences sociales, responsable Balkans à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie
- Nikola KOVAC : professeur de littérature à l'université de Sarajevo
- Noel R. MALCOLM : historien, professeur invité au St. Antony's College, université d'Oxford
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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BOSNIE-HERZÉGOVINE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
AUTRICHE
- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
- 34 129 mots
- 21 médias
...économie, mais la politique balkanique ne cessa de lui causer des difficultés, en particulier la question serbe. En 1878, l'Autriche-Hongrie occupe en effet la Bosnie-Herzégovine peuplée de Serbes et de Slaves convertis à l'islaām. Le royaume de Serbie avait escompté l'annexion de la Bosnie. La Bosnie, en renforçant... -
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