BOTANIQUE (HISTOIRE DE LA)
La botanique, science des plantes, apparaît à l'état pur dans l'œuvre scientifique de Théophraste ; mais elle est bientôt associée étroitement à la médecine dont elle devient simplement un chapitre ; ainsi réduite au rôle pratique de pourvoyeuse de médicaments pendant tout le Moyen Âge, la botanique continue à tenir exactement ce rôle à la Renaissance où elle connaît un vigoureux essor. Toutefois, les herbiers alors publiés entreprennent l'inventaire de la flore et par conséquent préparent la science botanique pure, qui est d'abord uniquement cet inventaire du monde végétal et l'énumération, puis la classification de ses genres et de ses espèces. Tel sera en quelque sorte l'axe de la botanique du xvie au xixe siècle. Césalpin en Italie, Rajus en Angleterre, J. Pitton de Tournefort en France, C. Linné en Suède, A. L. de Jussieu en France encore apparaissent comme exprimant le plus parfaitement l'effort des botanistes. Mais, peu à peu, d'autres problèmes sont posés : à la fin du xviie siècle sont nées, avec l'anatomie microscopique, la physiologie des sèves, les essais sur la sexualité des fleurs, les techniques grâce auxquelles la science s'étendra. S'opposant au dogmatisme scolastique, l'expérience va résoudre les questions qui s'imposent à l'esprit ; une réponse entraînant une question nouvelle, les problèmes essentiels se trouvent posés dès 1700 à notre science, maintenant dégagée de la médecine. Ces différents chapitres nouveaux peuvent donc, au cours des deux siècles et demi qui suivent, s'épanouir largement. Qu'ils dépendent de l'emprise matérielle de l'homme sur la Terre ou du progrès des diverses sciences nées du génie humain, physique et chimie surtout, la botanique gagne des domaines et des résultats nouveaux. Progressivement recule le mystère qui entourait la matière vivante ; car la notion de biologie, qui naît au début du xixe siècle, élargit et généralise les problèmes à tous les êtres vivants. Tout s'explique peu à peu : la croissance due aux divisions cellulaires successives ; la fécondation qui donne naissance à des êtres nouveaux ; le maintien héréditaire des caractères des êtres par la perpétuation des structures complexes qui les constituent.
Les origines de la botanique
Des noms de plantes sont cités dès les plus anciens écrits. Recueillant ces noms, nous pouvons établir des flores qui comportent les plantes utiles, c'est-à-dire celles qui fournissent aux hommes des aliments ou des matériaux, qui jouent un rôle dans des cérémonies rituelles, ou simplement forment le cadre où se déroule la vie humaine. Les livres sacrés de l'Inde, de la Chine, la Bible, l'œuvre d'Homère, les écrits d'Hérodote permettent de reconstituer des flores, de recueillir même des faits dont la valeur est historique et scientifique à la fois, comme ce qu'écrit Hérodote sur la fécondation des palmiers.
Antiquité
C'est seulement avec la pensée grecque que naît une science organisée, un savoir synthétique et désintéressé : il y a une botanique d'Aristote. Même si le Περ̀ι ϕυτ̃ων (Des plantes) qu'on lui a attribué n'est pas ce qu'il avait écrit, sa théorie des plantes transparaît dans ses œuvres zoologiques. Les deux grands ouvrages de son disciple Théophraste, le Περὶ ϕυτω̃ν ἱστορία (Histoire des plantes), qui est une botanique générale distinguant les organes des plantes et envisageant leurs fonctions, et le Περὶ ϕυτω̃ν αἰτι̃ων (Des causes des plantes), qui étudie le déterminisme des phénomènes végétaux et le rapporte à la température et à l'eau, permettent d'affirmer que dès lors la botanique en tant que science est née.
Et pourtant elle va disparaître, en quelque sorte absorbée[...]
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Écrit par
- Lucien PLANTEFOL : ancien professeur de botanique à la faculté des sciences de Paris, membre de l'Académie des sciences
- Hervé SAUQUET : maître de conférences à l'université Paris-Sud, professeur au Laboratoire écologie, systématique, évolution de l'université Paris-Sud
Classification
Média