BOTSWANA
Nom officiel | République du Botswana (BW) |
Chef de l'État et du gouvernement | Mokgweetsi Masisi (depuis le 1er avril 2018) |
Capitale | Gaborone 3
|
Langue officielle | Anglais 4
|
Unité monétaire | Pula (BWP) |
Population (estim.) |
2 413 000 (2024) |
Superficie |
581 730 km²
|
Une vie politique stable
Les facteurs de stabilité
La vie politique botswanaise se caractérise par une grande stabilité et une non moins grande modération, qui sont liées à trois facteurs historiques. Le premier tient à l'homogénéité ethnique du pays, avec les Tswana qui représentent, au début du xxie siècle, environ 79 p. 100 de la population totale du pays, le groupe minoritaire kalanga (11 p. 100) qui est bien intégré dans les cercles dirigeants, et les San, appelés aussi Basarwa au Botswana, les derniers chasseurs-cueilleurs d'Afrique (2,5 p. 100) –, fortement marginalisé et victime de déplacements forcés au sein du Central Kalahari Game Reserve, leur territoire ancestral. Parmi les Tswana, la chefferie des Bamangwato (35 p. 100 de la population du groupe) est dominante dans l'organisation sociopolitique tswana et sert de base politique au Parti démocratique du Botswana (BDP), qui est au pouvoir depuis l'indépendance.
Le deuxième facteur est lié au poids d'une organisation traditionnelle ouverte sur la modernité. En effet, l'instauration d'un « gouvernement parallèle » a permis de maintenir la cohérence du système de régulation sociale traditionnel. Les Conseils de village (Kgotla) sont devenus l'une des bases du principe de négociation qui est au cœur du modèle politique botswanais. Ce dernier est institutionnalisé à la fois par la reconnaissance de la tradition comme acteur politique et ordre légal, et par la création, en 1960, d'une chambre consultative des chefs au niveau national, composée de tous les groupes ethniques du pays. Ce modèle politique permet de réduire les coûts de gestion (en utilisant les formes locales de régulation politique), de servir d'intermédiaire entre le système légal et les traditions, et de faciliter la compréhension des règles du jeu politique par la population. La stabilité politique du pays est largement fondée sur cette permanence d'un modèle traditionnel de gestion locale relativement homogène dans tout le pays. La reconnaissance de la chefferie par le pouvoir en place renforce ainsi le contrôle social et protège l'ordre politique établi.
Enfin, en troisième lieu, l'expérience personnelle du premier chef de l'État, sir Seretse Khama (1966-1980), explique ce climat apaisé. Successeur du chef des Bamangwato, il avait transgressé les normes coutumières locales en épousant une Anglaise. Mais, parvenu à la tête de l'État le 30 septembre 1966, avec le BDP qu'il venait de fonder, il y reste jusqu'à sa mort en 1980. Il a favorisé l'entente entre les communautés ethniques et, au-delà, entre les groupes sociaux, et il a instauré une pratique démocratique fondée sur la loi. Par la suite, la facilité avec laquelle se sont succédé les chefs au pouvoir, tous issus du parti BDP (Quett Masire, 1980-1998, Festus Mogae, 1998-2008, Seretse Khama Ian Khama, fils du premier président, 2008-2018, Mokgweetsi Masisi, depuis 2018) soulignent l'importance symbolique de cette première présidence.
L'organisation du système politique
La démocratie parlementaire botswanaise repose sur un régime dans lequel le président, qui exerce également les fonctions de chef de gouvernement, joue un rôle prédominant. Chef du parti majoritaire au Parlement, il supervise la désignation des candidats aux élections et préside à la nomination des membres du gouvernement. Le Parlement est composé d'une Assemblée nationale qui détient le pouvoir législatif (nommer le président, discuter et voter les lois), et d'une Assemblée des chefs, réunissant les représentants des huit tribus les plus importantes du pays, qui exerce une fonction consultative auprès du gouvernement pour tout ce qui concerne la tradition et le droit coutumier.
Des élections législatives et présidentielles libres et concurrentielles à un tour ponctuent[...]
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Écrit par
- Dominique DARBON : professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Benoît DUPIN : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
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