SANSAL BOUALEM (1949- )
Né le 15 octobre 1949 à Theniet el Had (Algérie), Boualem Sansal a vécu une partie de son enfance dans le quartier Belcourt d’Alger, un trait commun avec Albert Camus. L’écrivain n’a évoqué ces faits que tardivement, dans son sixième roman, Rue Darwin (2011). Malgré le caractère très exubérant et apparemment extroverti de son écriture, il était resté très discret sur ses origines familiales, et n’a souhaité les évoquer qu’après la mort de sa mère.
En revanche, les faits qui concernent sa vie professionnelle et son entrée en littérature sont bien connus. Ayant reçu une formation d’ingénieur et d’économiste, Boualem Sansal ne se pensait pas destiné à la littérature. Il s’est décidé à écrire à partir de 1997, à la fois en réaction contre le terrorisme islamiste qui faisait rage en Algérie, et grâce aux encouragements de son ami Rachid Mimouni (1945-1995) dont on sent l’influence au moins dans ses deux premiers romans (Le Serment des Barbares, 1999 et L’Enfant fou de l’arbre creux, 2000).
Un opposant irréductible
Boualem Sansal est bien connu pour deux traits dont la conjonction peut paraître surprenante : d’une part, il se montre dans ses écrits extrêmement violent à l’égard du gouvernement en place, jusqu’à nos jours, mais en remontant dans l’histoire jusqu’aux origines du FLN. D’autre part, il tient à travailler et à vivre en Algérie (il habite à Boumerdès, près d’Alger), alors même qu’à la sortie de son troisième roman (Dis-moi le Paradis, 2003) il s’est vu limogé du poste qu’il occupait au ministère de l’Industrie. Pour l’auteur, cette position n’est nullement paradoxale. Il estime que son pays a justement besoin de gens comme lui, à la fois pour sa compétence professionnelle et pour l’audace de ses critiques contre un régime qu’il juge prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.
En dehors de l’Algérie, où il est vu comme un personnage sulfureux et très controversé, Boualem Sansal est un écrivain reconnu, principalement en France et en Allemagne, et ses livres ont reçu de nombreux prix. Avant Rue Darwin, les deux romans qui ont suscité le plus d’éloges sont, en 2005, Harraga, et en 2008, Le Village de l’Allemand. Il a reçu notamment le grand prix de la francophonie en 2008 et le prix de la paix des libraires allemands à la foire de Francfort en 2011. Quant au prix du roman arabe qui lui a été attribué pour Rue Darwin, il a suscité de violents débats. Boualem Sansal s’exprime très souvent dans les médias français et, globalement, on peut dire que ses accusations contre le gouvernement de son pays n’ont pas changé. Pour plus de clarté et de vigueur polémique, il les formule aussi dans des essais ou lettres ouvertes dont le caractère pamphlétaire lui vaut évidemment d’être censuré dans son pays. Il en fut ainsi pour Poste restante : Alger. Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes (2006). Dans Gouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe (2013), il s’en prend une fois de plus à l’islamisme contemporain, à ses méfaits, voire à ses crimes. En fait, il peut difficilement aller plus loin qu’il ne l’a fait avec Le Village de l’Allemand, dans lequel il les compare explicitement aux forfaits du nazisme.
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Écrit par
- Denise BRAHIMI : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, professeure agrégée des Universités (littérature comparée), université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Média
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