BOUCLIER, géomorphologie
Vaste unité géomorphologique présentant une topographie de plaines et de plateaux, un bouclier se caractérise par la prépondérance de vestiges de surfaces d' aplanissement qu'accidentent, localement, des formes structurales développées dans les socles ou liées à l'existence de témoins de couvertures sédimentaires.
Les boucliers constituent la majeure partie de la surface des continents. Ils se répartissent en deux grands ensembles situés aux hautes et basses latitudes. Celui des hautes latitudes comprend les boucliers fenno-scandien, russo-sibérien, canadien et de l'Antarctique. Aux latitudes tropicales et subtropicales on rencontre ceux de l'Afrique, de Madagascar, de l'Arabie, du Dekkan, de l'Australie, de l'Amérique du Sud. Ce dernier ensemble, le plus étendu, représente des éléments hérités d'un très vaste continent qui a subsisté jusqu'à la fin de l'ère primaire, le continent dit de Gondwana, nom tiré d'une région du Dekkan habitée par les Gonds.
Données structurales
La structure des boucliers associe à des socles précambriens, vieux de plus de 3,5 milliards d'années, des vestiges plus ou moins importants de couvertures sédimentaires d'âges divers, ce qui correspond aux plates-formes des géologues, ceux-ci réservant le terme de bouclier aux vastes affleurements précambriens.
Les socles précambriens
Les socles précambriens se caractérisent par un matériel rocheux essentiellement cristallin d'origine magmatique et métamorphique. Les schistes y occupent une place importante, à côté des granites, des gneiss et des quartzites, mais aussi d'ensembles de roches basiques, telles les anorthosites et les charnockites. Leur agencement résulte d'une évolution qui s'étale sur une durée supérieure à 3 milliards d'années, pendant laquelle se succèdent des cycles orogéniques comportant chacun une période de sédimentation, l'édification d'une chaîne de plissement, puis sa destruction lors d'une longue phase d' érosion. La complexité des structures résultantes tient à la superposition des tectoniques successives, ainsi qu'à une érosion prolongée qui ne laisse subsister que les racines des édifices montagneux, elles-mêmes recristallisées et pénétrées par des intrusions de roches éruptives à plusieurs reprises. Par ailleurs, de grands accidents développés lors des différentes orogenèses ont souvent rompu la continuité de ces structures, rendant délicate toute corrélation. En définitive, les socles précambriens sont constitués de fragments difficiles à déchiffrer. Leurs éléments les plus récents, relativement les moins perturbés, présentent des structures appalachiennes typiques, qui opposent généralement des bandes de schistes et des bandes de quartzites. À titre d'exemples, on citera celles qui correspondent aux séries de l'Atakorien en Afrique de l'Ouest, de l'Amsaga au Sahara mauritanien, de l'Aravallien au nord-ouest de l'Inde, et de Ramah au Labrador. Ces dernières décennies, la possibilité d'obtenir des datations radiométriques des roches de ces vieux socles a grandement facilité leur analyse structurale.
Les couvertures sédimentaires
Sur ces socles reposent en discordance des couvertures sédimentaires originales, principalement primaires. Elles présentent, en général, des faciès détritiques et continentaux liés à une longue émersion, illustrés par des séries gréseuses et conglomératiques : les plus puissantes caractérisent les socles des basses latitudes. On connaît, par exemple, le complexe sédimentaire gréseux du Karoo en Afrique du Sud, les grès de Botucatu du Brésil et ceux du Dekkan, les tillites et les conglomérats glaciaires africains et sud-américains. Les formations marines d'âge secondaire, calcaires, marneuses ou argileuses, restent peu épaisses et localisées.[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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