BOUCLIER, géomorphologie
Genèse du relief
Le relief des boucliers résulte d'une longue évolution, car ils représentent les masses continentales les plus anciennes du globe terrestre. Nombre de ces vicissitudes demeurent obscures en raison de la disparition quasi totale des éléments qui permettraient de les reconstituer.
Élaboration des socles précambriens
La période la plus lointaine, et aussi la plus longue, correspond à l'élaboration des socles précambriens. Elle reste encore la moins connue. Son étude relève essentiellement de la géologie.
Ainsi les pétrographes ont mis en évidence la succession d'au moins quatre orogenèses antérieures à l'ère primaire. Accompagnées d'intenses phénomènes de granitisation et de métamorphisme, elles érigèrent de puissantes chaînes montagneuses, en partie comparables sans doute à celles du cycle alpin, simultanément réduites par l'érosion à l'état de surfaces d'aplanissement plus ou moins parfaites. On sait, par exemple, que la série sédimentaire de Vindya, au Dekkan, fossilise un relief différencié développé dans la série plissée aravallienne. Mais on ignore tout des conditions bioclimatiques qui ont présidé à l'élaboration de ces surfaces, faute de dépôts corrélatifs. La dernière d'entre elles, qui intéresse le géomorphologue, parce qu'il en subsiste parfois des vestiges exhumés dans le relief actuel des boucliers, est dite précambrienne, repérable localement en marge des témoins des couvertures primaires.
À la fin de la longue période antécambrienne, les boucliers offrent donc l'aspect de vastes plaines, à peine accidentées par des reliefs résiduels, offrant par endroits un caractère appalachien. Elles correspondent, alors, à une ultime surface d'aplanissement développée aux dépens de socles déjà indurés et usés jusqu'aux racines des orogènes successifs.
Genèse des formes du relief actuel
Le début de l'ère primaire inaugure la période fondamentale pour la compréhension du relief des boucliers. Jusqu'à la fin des temps tertiaires, leur morphogenèse se caractérise par une succession de fossilisations et d'exhumations partielles. Elle s'exprime par une alternance du dépôt de couvertures sédimentaires et de l'activité de l'érosion. Des déformations tectoniques, qui se manifestent dès avant le terme de l'Antécambrien, rythment cette alternance, sous la forme de bombements et de subsidences accompagnés de fracturations et d'épanchements volcaniques locaux. Depuis la fin du Crétacé et pendant tout le Tertiaire, elles se multiplient et s'intensifient en fonction du déroulement de l'orogenèse alpine. En même temps, les amples migrations de centres de soulèvement et de subsidence provoquent celles des aires d'érosion et de sédimentation. Ainsi des surfaces d'aplanissement nouvelles s'élaborent dans les régions soulevées, parfois aux dépens de couvertures sédimentaires antérieures et surtout dans les socles exhumés, alors que les produits de l'ablation continentale s'accumulent généralement en puissantes masses gréseuses dans les cuvettes intermédiaires. Dans les socles les plus stables, aux hautes latitudes et dans la partie septentrionale de l'Afrique notamment, l'érosion se borne à « regrader » plus ou moins les surfaces antérieures. Dans les socles plus dynamiques, tels ceux du Gondwana, l'intensité et la discontinuité du soulèvement provoquent l'étagement des surfaces successives, au Jurassique, au Crétacé et au Tertiaire. Ces substitutions, d'autant plus partielles qu'on se rapproche de notre époque, laissent souvent des témoins des niveaux antérieurs qui s'ajoutent aux reliefs résiduels des socles, aux plateaux et aux buttes déterminés par les vestiges des couvertures sédimentaires, pour diversifier le paysage. Avec les derniers, des glints ou des pseudocuestas témoignent de la grande résistance offerte à l'érosion par les grès souvent silicifiés, alors que le cristallin des socles[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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