BOUDDHISME (Arts et architecture) La pagode
Japon
Au Shitennō-ji (Ōsaka), première fondation pieuse du prince Shōtoku, à la fin du vie siècle, la pagode était située, comme au Paiktche, sur l'axe central unissant la porte du sanctuaire ; au Hōryū-ji, en revanche, précédés par le Chūmon (porte centrale), le sanctuaire (Kondō ou temple d'Or) et la pagode se trouvent sur le même axe transversal, de part et d'autre de cette porte. À l'époque de Nara, sous l'influence des Tang, deux pagodes symétriques précédaient le Kondō du Yakushi-ji (Nara). Au Tōdai-ji (Nara), fondé en 752, ces deux pagodes étaient placées en avant de l'enceinte du Daibutsu-den (sanctuaire principal). Avec l'apparition des sectes ésotériques, au début de l'époque Heian, et l'établissement de monastères de montagne, l'emplacement de la pagode varie selon la configuration du terrain. Au Murō-ji (préfecture de Nara), elle s'élève derrière le sanctuaire mais sur plan plus élevé.
Du point de vue structurel, l'âme de la padoge est un haut mât de bois fiché dans la terre (shin-baschira), au-dessus d'une pierre creusée dans laquelle est disposé un coffret en métal contenant les reliques (shari). Ce mât dépasse le dernier toit, et son extrémité s'orne d'éléments de métal, les principaux étant neuf disques superposés (sōrin), un ornement ajouté en forme de flammes (suien) et un joyau (hōshu).
La pagode du Hōryū-ji, reconstruite après l'incendie de 670, est l'exemple classique du genre. Haute de 31,9 m, elle comporte cinq étages dont le premier a 7,84 m de côté et se dresse sur un socle paré de dalles de pierre. Les toits, revêtus de tuiles, sont soutenus par des consoles à deux branches ou en forme de nuage que supportent des colonnes à demi engagées dans les parois revêtues d'un enduit blanc. Des balustrades en bois sculpté entourent chaque étage.
Datant du début du viiie siècle, la pagode de l'Est du Yakushi-ji, qui seule a subsisté, n'a que trois étages, mais ceux-ci sont entourés d'une véranda pourvue d'un toit en appentis qui double le toit revêtu de tuiles. Haute de 33,9 m, cette pagode est couronnée par un sōrin, et son suien orné de divinités musiciennes au milieu de nuages en forme de flammes est d'une grande beauté.
Élevée vers le ixe siècle, la pagode du Murō-ji, de proportions plus réduites (16,2 m de hauteur, 2,84 m de côté), dresse parmi les arbres ses cinq toits délicatement incurvés.
Souvenir de la conversation mystique de Çākya-muni et de Prabhutaratna, les pagodes à base carrée et étages arrondis auraient été introduites au Japon par Kōbō-daishi, fondateur au ixe siècle de la secte Shingon. On trouve un exemple de ce genre dans le Tahōtō à deux étages de l'Ishiyama-dera, bâti en 1194, au bord du lac Biwa.
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Écrit par
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
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Média
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