BOUDDHISME (Arts et architecture) Représentations du Buddha
Les traits du Buddha
Aux environs du début de notre ère, l'environnement religieux est favorable à l'idée de figurer le Buddha sous une forme « manifeste », le contexte artistique l'est également. L'imagerie bouddhique qui s'est développée, surtout à Bhārhut et ailleurs, a élaboré un premier répertoire de compositions dans lesquelles peut s'insérer l'image du Buddha. Dans le domaine non bouddhique, les représentations des dieux majeurs sont apparues dès le iie siècle avant notre ère. Ce premier répertoire divin comprend aussi des images en relief ou en ronde bosse de yakṣa ; ces divinités sylvestres ou agrestes, figurées debout, hiératiques, au corps bien bâti et de grande taille, semblent avoir été les modèles plastiques sur lesquels ont été initialement appliqués les traits qui traduisent la personnalité du Buddha. Ceux-ci soulignent trois constantes de son iconographie : c'est un homme et un personnage historique, un moine et enfin un être qui sort de l'ordinaire.
Le Buddha est dès le départ figuré sous une forme parfaitement anthropomorphe, à quelques détails près sur lesquels on reviendra ; ce choix est définitif et concerne aussi bien le Buddha historique que tous les Buddha mythiques figurés à son image, ceux qui l'ont précédé comme les innombrables Buddha du Mahāyāna. Mais cet homme a vécu sur terre et, au moment où l'on songe à le représenter, les témoins oculaires de sa vie ont disparu, ce qui pose le problème de la véracité de ses images et de leur valeur comme portraits fidèles du maître ; véracité indispensable car, comme le dit un texte ancien du Grand Véhicule, l'image du Buddha est une représentation du Buddha par ceux qui l'ont vu pour faire acquérir des mérites à ceux qui la révèrent. On ne sait si la question a été soulevée de prime abord, en tout cas elle l'a été (sans doute à l'occasion de controverses sur le culte des images) et elle a été résolue par l'appel à des récits légendaires faisant remonter les « portraits » authentiques du Buddha à un original exécuté de son vivant et « approuvé » par lui. Ces récits divers reviennent tous au thème d'un portrait exécuté à la demande d'un roi, fidèle du Buddha, à l'occasion d'une absence de ce dernier. La tradition semble avoir été très vivante dans le bouddhisme chinois : au viie siècle, le pèlerin Hiuan Tsang aurait ramené en Chine une copie de la statue confectionnée à cette occasion, et une statue conservée actuellement dans le temple de Feiryo-ji à Kyōto serait une copie chinoise (exécutée en 987) de celle ramenée par Hiuan Tsang.
Un moine bouddhique ( bhikṣu) se reconnaît à son vêtement, au fait qu'il ne porte ni bijoux ni parures et enfin à son crâne rasé. En ce qui concerne le Buddha, on constate qu'il porte pratiquement toujours le vêtement monastique, qu'il est le plus souvent dépourvu de tout bijou et, enfin, qu'il n'a jamais le crâne rasé. Le vêtement monastique est celui (en trois éléments) que le Buddha lui-même a fixé ; les variantes que présentent les images du Buddha correspondent surtout à des modes régionales (ainsi le manteau porté plié sur l'épaule en Asie du Sud-Est à partir du xiiie siècle) ou à des conventions esthétiques propres aux différentes écoles artistiques (rendu du drapé). Le Buddha a abandonné ses parures lorsqu'il a quitté la vie mondaine ; la seule trace en est normalement des lobes d'oreilles démesurément étirés par le poids des ornements qui y étaient accrochés avant le Grand Départ. La tradition est généralement suivie, mais il existe cependant en Afghanistan, en Inde orientale et surtout en Asie du Sud-Est des images du Buddha « paré » d'ornements de tête, parfois de bracelets, de brassards ou de ceintures ; elles traduisent[...]
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Écrit par
- Bruno DAGENS : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Médias
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