BOUDDHISME (Arts et architecture) Représentations du Buddha
Codification de l'image du Buddha
Fixés très tôt, les traits généraux du Buddha ont peu varié dans le temps ou dans l'espace. Le portrait qu'ils permettent d'obtenir est mis en situation de deux façons différentes mais qui relèvent toujours, à un degré ou à un autre, de l'iconographie narrative : l'une concerne les scènes surtout destinées à l'édification des fidèles, l'autre les images isolées, particulièrement aptes à servir d'objets de culte. Dans le premier cas, le portrait, remplaçant ou complétant le symbole aniconique, est intégré à la composition et traité de façon à donner au Buddha l'attitude, l'expression et les gestes convenant à son rôle d'« acteur » dans l'épisode choisi. Dans le second cas, les éléments extérieurs de la mise en scène (cadre, personnages secondaires, etc.) étant éliminés, l'effort de représentation se concentre sur le Buddha dont les traits généraux sont complétés par les signes caractéristiques de l'épisode dont il est l'acteur. L'identification de l'épisode nécessite une codification des signes dont les plus importants, dans le cas du Buddha, sont les gestes (mudrā), mais qui concerne aussi la station (debout, assise ou couchée), l'attitude, les attributs (rares dans le cas du Buddha), l'expression ou des « accessoires » tels que sièges ou piédestaux. Ce code combine des éléments typiquement bouddhiques (comme le geste de la prise de la Terre à témoin qui traduit l'Assaut de Māra) à d'autres que l'on retrouve dans l'iconographie de tous les dieux indiens (les gestes de l'apaisement ou du don par exemple), sans qu'il soit possible de savoir dans quel sens s'est fait l'emprunt. Il a fallu plusieurs siècles pour qu'il soit fixé avec une certaine rigueur qui ne descend pas toujours au stade de la précision anecdotique : ainsi le geste du don indique simplement que le Buddha est figuré recevant une offrande, celui de la prédication ne se réfère pas uniquement au « premier sermon », etc. L'usage de ce code est dans l'ensemble universel à travers le monde bouddhique (qu'il s'agisse d'images isolées ou de scènes), mais certaines écoles ont ajouté des signes de leur cru ou modifié l'application de certains : ainsi le geste des bras croisés sur la poitrine, spécifique (mais avec des significations différentes) à Sri Lanka et à la Thaïlande, ou l'attitude « marchante » inventée par les imagiers thaï du xive siècle ; quant à la station couchée, qui normalement est employée exclusivement pour les images du Buddha en nirvāṇa (qu'elle suffit à identifier), elle est également, en Thaïlande, celle du Buddha recevant la visite d'Indra et de son harpiste.
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Écrit par
- Bruno DAGENS : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Médias
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