BOUDDHISME (Histoire) L'expansion
En Corée et au Japon
La Corée était au ive siècle de notre ère morcelée en plusieurs royaumes, dont les principaux sont le Ko-kou-rye au nord-ouest, le Paik-tchei au sud-ouest, et le Sillā au sud-est.
En 372, le roi des Jin (Shǎnxi) envoya le bonze Sunde avec des textes et des images à Ko-kou-rye. Douze ans plus tard, c'était au tour du Paik-tchei d'être évangélisé. Une cinquantaine d'années plus tard, Sillā reçut à son tour des bonzes venus de Ko-kou-rye. Le bouddhisme prospéra rapidement sous la dynastie de Ko-rye, mais il fut au contraire persécuté à partir du début du xve siècle et jusqu'à la domination japonaise sous la dynastie de Tcho-ren (1392-1910).
Le bouddhisme s'introduisit au Japon par l'intermédiaire de la Corée. Dès le ve siècle de nombreux Coréens bouddhistes, en particulier des scribes et des interprètes, s'y installèrent. En 552, le roi de l'État de Kudara (en chinois Paik-tche), dans le sud-ouest de la péninsule, envoya à l'empereur Kimmei-tennō des livres et une statue de Bouddha. Deux ans plus tard arrivaient au Japon les deux premiers missionnaires coréens, Tosai et Doshin.
Pour des raisons d'ordre politique, un important chef de clan, Soga-no-iname, protégea la nouvelle religion et fit édifier à l'intérieur de son palais le premier temple bouddhiste. Cependant, le nationalisme japonais, exacerbé par une longue lutte contre la principauté coréenne de Shiragi, ennemie du Kudara, s'insurgea contre cette influence étrangère en s'appuyant sur la religion autochtone, le shintō.
Le bouddhisme ne s'implanta solidement et ne provoqua de nombreuses conversions que lorsqu'il bénéficia de la protection du prince Shōtoku Taishi, qui fit construire en 587 un temple, transporté six ans plus tard sur le site actuel de la ville d'Ōsaka. Le parti anti-bouddhiste n'eut plus dès lors qu'à disparaître et le shintō accepta le bouddhisme traditionnellement tolérant, au point que les deux religions en vinrent parfois à partager les mêmes temples, et que les divinités nationales, les Kami, furent considérées par certaines sectes comme des manifestations des « divinités » du panthéon bouddhiste tardif (dans le Ryōbu-shintō). Le bouddhisme désormais, comme il l'avait été en Corée, fut porteur de l'influence chinoise et support de la civilisation. En matière d'art, par exemple, c'est grâce à lui que des influences indiennes et même grecques, amorties, parvinrent au Japon à l'époque de Nara (710-794).
Désormais l'étude des sectes, tant hinayānistes que mahāyānistes, du Tendai ou du Shingon, de la piété amidiste (secte Jōdo) et du Zen (chinois chan, sanskrit dhyāna) relève de l'étude de la civilisation japonaise.
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Écrit par
- Jean NAUDOU : professeur à l'université de Provence
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Médias
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