BOUDDHISME (Histoire) Le Buddha
La communauté primitive
De telles méthodes exigent une discipline sévère qui ne peut être pratiquée par des hommes vivant dans des conditions ordinaires, soumis à de multiples tentations et à toutes sortes d'obligations familiales, professionnelles et autres, qui les absorbent. Les vrais disciples du Buddha doivent donc, comme leur maître, quitter leur foyer pour mener la vie austère d'ascète errant, de moine « mendiant » ( bhikṣu), et se plier aux nombreuses règles fixées par le Bienheureux. Ainsi leur progression sur la Voie de la Délivrance s'effectuera dans les meilleures conditions.
Le Bienheureux proscrit les austérités inutiles, tortures et mutilations que s'infligent certains ascètes indiens, mais il impose à ses disciples une existence fort rude. Leurs cheveux et leur barbe entièrement rasés, leurs vêtements faits de haillons ramassés dans les ordures ou les charniers, teints en ocre jaune et cousus ensemble, les moines mendient le peu de nourriture dont ils ont besoin, ne prennent qu'un seul repas par jour, avant midi, et dorment au pied des arbres ou dans des cavernes. Ils doivent voyager sans cesse, à pied, d'un village à un autre, pendant les trois quarts de l'année, pour répandre la doctrine salvatrice du Buddha. Ils ne doivent pas omettre pour autant de se livrer chaque jour, durant de longues heures et fort avant dans la nuit, en des endroits retirés et calmes, aux exercices psychiques qui ont pour but de les conduire à la Délivrance.
Pendant les trois mois de la « saison des pluies » (varṣa), les moines font retraite par groupes dans des huttes ou dans des grottes ; ils reprennent ensuite leur vie errante. Deux fois par mois, les soirs de la pleine et de la nouvelle lune, ils se réunissent, prêchent la doctrine aux laïcs puis se confessent entre eux et récitent un résumé du code pénal monastique auquel ils sont soumis. À l'origine, il n'existe aucun culte, le Buddha et ses saints disciples recevant seulement les hommages et les offrandes que l'usage oblige à présenter à toutes les personnes vénérables.
Les moindres détails de l'existence des moines, jusqu'aux dimensions des vêtements et des huttes, la façon de manger et de marcher, sont réglés avec précision par le Bienheureux. Tous les manquements, même les plus infimes, sont punis selon leur gravité après une instruction et un jugement conformes à une procédure bien définie, qui pèse soigneusement la responsabilité de l'accusé. Règles, châtiments et procédure sont consignés dans un code monastique que les disciples doivent connaître à l'égal des sermons doctrinaux prononcés par leur maître.
Les moines ne pouvant pratiquer aucune activité productrice de biens matériels ni louer leurs services pour accomplir un travail profane, leur subsistance dépend entièrement de la bonne volonté des « fidèles laïcs » ( upāsaka). Ces derniers doivent observer les principales règles morales enseignées par le Bienheureux et donner régulièrement aux religieux bouddhiques la nourriture et les quelques objets dont ceux-ci ont besoin. En agissant ainsi, ils font leurs premiers pas sur la Voie de la Délivrance et espèrent que les fruits de leur générosité les aideront à mieux avancer sur celle-ci dans leurs prochaines existences. Dès leur vie présente, ils reçoivent avec attention et respect le « don de la doctrine » que les moines leur font, en échange de leurs aumônes.
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Écrit par
- André BAREAU : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme
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