BOUDDHISME (Histoire) Le Buddha
Les origines du culte bouddhique
Ce respect que les fidèles laïcs éprouvent envers les moines est mêlé, conformément aux vieilles croyances indiennes, d'admiration et d'une certaine crainte, dues aux pouvoirs surhumains attribués aux ascètes et résultant des austérités qu'ils s'infligent, comme de leur pratique des méditations et des exercices analogues. À l'égard du Bienheureux, ce respect devient de la vénération, sa sainteté étant jugée très supérieure à celle de ses disciples. Après le parinirvāṇa du Buddha, il s'y ajoute le vif regret laissé par sa disparition, la tristesse de ne plus pouvoir profiter de ses conseils ni de la protection que ses pouvoirs prodigieux devaient assurer à ses fidèles.
Certes, en « s'éteignant complètement », le Buddha a rompu définitivement toutes relations avec ce monde et les êtres qui y vivent ; il ne peut donc recevoir ni même connaître les marques de vénération qui lui sont adressées, ni non plus remercier dûment leurs auteurs. Celles-ci ne sont pourtant pas vaines, car ce sont toutes de bonnes actions, corporelles, vocales et aussi mentales, dont la maturation produira tôt ou tard des fruits d'autant plus agréables et importants que celui qui en est l'objet est un homme d'une sainteté extraordinaire. Quand le souvenir du Buddha réel se sera estompé dans les brumes du passé et que la légende aura considérablement magnifié sa personne, cette vénération se justifiera davantage encore et deviendra même un véritable culte : dès la fin du ive siècle avant J.-C., semble-t-il, les disciples élèveront leur maître au rang suprême, au-dessus des dieux et des hommes.
Faute de pouvoir être dirigé vers sa personne vivante, présente, le culte rendu au Bienheureux prend d'abord pour objets concrets les restes de son corps, ou supposés tels, puis les « tumulus » (stūpa) censés contenir ces reliques et les endroits où se seraient produits les principaux événements de sa vie. Ainsi va-t-on se recueillir devant les arbres ou les bouquets d'arbres à l'ombre desquels le Buddha serait né, aurait atteint l'Éveil, aurait prononcé son premier sermon, se serait enfin éteint complètement. De là proviennent deux caractéristiques majeures de la religion bouddhique : le culte des reliques et les pèlerinages aux lieux saints. Un peu plus tard, la vénération des fidèles s'adressera, en outre, à des symboles représentant le Bienheureux, qu'on n'ose encore figurer sous forme humaine pour des raisons fort obscures : empreintes de pieds, trône, figuier de l'Éveil, tumulus. C'est seulement vers le début de l'ère chrétienne que l'on commencera à sculpter des statues et des bas-reliefs du Buddha, dans la région de l'actuelle Kaboul et sous l'influence de la civilisation hellénistique alors encore vivante en ces lieux.
Quel que soit l'objet représentant ou rappelant à l'esprit la personne du Bienheureux – reliques, tumulus, arbre, symbole ou statue –, le culte est partout le même dans ses grandes lignes. Il comprend d'abord des gestes et attitudes de vénération : salut des deux mains jointes élevées à la hauteur du front incliné, prosternation, circumambulation en gardant à sa droite l'objet vénéré. À cela s'ajoutent des offrandes variées : fleurs, notamment de lotus divers, encens, onguents et poudres parfumés, parasols, bannières, lampes allumées, parfois aussi boissons et aliments végétaux, le Buddha ayant proscrit tous les sacrifices d'êtres vivants. Les chants de louanges au Bienheureux, la récitation de poèmes édifiants et de textes liturgiques exprimant les résolutions et les souhaits des fidèles, l'exécution d'airs de musique et parfois aussi de danses complètent les manifestations du culte bouddhique. Celui-ci s'est inspiré très largement du culte rendu aux divinités brahmaniques, lequel copiait lui-même celui[...]
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Écrit par
- André BAREAU : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme
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