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BOUDDHISME (Histoire) Littératures et écoles bouddhiques

Le Mahāyāna

L'hypothèse qui prétendait trouver l'origine du « Grand Véhicule » chez les Sarvāstivādin, dans le nord-ouest de l'Inde, doit être abandonnée. Comme l'a bien montré notamment Edward Conze, les premières manifestations du Mahāyāna sont apparues, à la fin du ier siècle avant J.-C., parmi les sectes issues des Mahāsāṃghika, plus précisément sans doute chez les Pūrvaśaila et les Aparaśaila établis en pays Āndhra, sur les bords de la basse Krishnā.

Les « sūtra » du Mahāyāna

Contrairement à celle du bouddhisme antique, la littérature du Mahāyāna a été conservée en majeure partie, surtout pour ses œuvres importantes, soit sous sa forme indienne, le sanskrit, soit dans ses traductions chinoise et tibétaine. Elle s'est, en effet, maintenue jusqu'au xxe siècle dans la plupart des sectes de l'Extrême-Orient comme de celles du Tibet et de la Mongolie ; elle y est regardée comme ayant valeur canonique, didactique ou édifiante selon ses ouvrages. Par le nombre de ceux-ci comme par son volume total, elle est beaucoup plus vaste que la littérature du bouddhisme antique, laquelle est pourtant considérable.

Les plus anciens textes mahāyāniques furent des ébauches de ceux que l'on appelle Prajñāparamitā-sūtra, « Sermons sur la perfection de sagesse ». Il s'agit là de toute une classe d'ouvrages dont certains sont très courts et d'autres, au contraire, d'une longueur démesurée. Tous ont en commun d'être des sermons du Buddha traitant des deux thèmes majeurs du Mahāyāna : la carrière des bodhisattva, « êtres [qui se destinent à] l'Éveil » en portant à sa perfection (pāramitā) la pratique de toutes les vertus, et singulièrement celle de la sagesse (prajñā) ; la vacuité (śūnyatā) de nature propre (sva-bhāva) de toutes les choses et de tous les êtres, vacuité qui est d'ailleurs l'objet essentiel de la perfection de sagesse.

Les autres sūtra du Mahāyāna se caractérisent surtout par l'immense place qu'y occupent les éléments merveilleux, prodiges grandioses, interventions de personnages appartenant à une mythologie aussi riche que nouvelle, Buddha, bodhisattva, dieux de toutes sortes, nombres vertigineusement élevés. Le Buddha historique, Gautama, y cède souvent la place centrale qui était la sienne dans la littérature antique à d'autres Buddha purement imaginaires, tel Amitābha, ou à des bodhisattva tout aussi légendaires, au premier rang desquels figure le grand sauveur tout compatissant Avalokiteśvara, que vénèrent et prient avec une dévotion particulière les fidèles du Mahāyāna. Certains de ces sūtra sont de très longs ouvrages ou de vastes recueils de sermons.

Tels sont le Saddharmapuṇḍarīka ou « Lotus de la vraie doctrine » – le plus célèbre, dont le texte sanskrit nous est parvenu en entier, dont on a aussi plusieurs traductions chinoises et qui est l'œuvre canonique fondamentale d'une grande partie du bouddhisme extrême-oriental –, le Mahāparinirvāṇa ou « Grande Extinction suprême » et le Mahāsaṃnipāta ou « Grande Assemblée » ; ces deux derniers sont conservés en version chinoise et à l'état fragmentaire en sanskrit. Le Buddhāvataṃsaka, « Guirlande des buddha » et le Ratnakūṭa, « Amas de joyaux », dont nous possédons les traductions chinoise et tibétaine complètes, mais seulement des parties de leur texte sanskrit, sont des recueils de sermons comme les deux précédents.

Le Laṅkāvatāra, ou « Descente à Ceylan », qui est nettement plus court, nous a été transmis intégralement en sanskrit et dans ses traductions chinoise et tibétaine. Le Lalitavistara, ou « Développement des jeux », est une biographie légendaire du Buddha Gautama, qui est d'origine sarvāstivādin mais a été remaniée et complétée par des auteurs mahāyānistes ; nous en possédons[...]

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Écrit par

  • : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme

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